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                CHRONIQUE LOCALE.

   Le mois de mai a été pour notre ville un mois d'agitations et
d'émotions. Tristes ou gaies, nos sensations se sont succédées
avec rapidité , la première a été douloureuse. Par une Inconce-
vable fatalité, un malheureux voyageur était tué, près de la Gare
de Perrache, par la balle d'une carabine tombée à terre, et la
ville entière s'est associée à la douleur de la famille que frappait
ce triste accident. Puis le procès de la famille Lotli est venu
occuper les esprits. Deux millions étaient enjeu, M. Berryer plai-
dait, il en aurait fallu moins de moitié pour nous émouvoir. Aux.
audiences du 15 et du 16, une des Chambres de notre Cour im-
périale a entendu la plaidoirie brillante de Me Crémieux dans le
procès soulevé à propos de la liquidation de la Société Franco-
Américaine, dont le siège était à Lyon. Deux jours auparavant,
le procès du Conseil de discipline de l'Ordre des Avocats de la
Cour impériale de Lyon, contre le journal la Pressa, avait encore
plus vivement réveillé l'attention, et peu s'en était fallu que la
politique ne se glissât en tapinois jusqu'aux pieds du fauteuil de
la Justice. Dans le monde des arts, M. Herz, le grand Herz, avait
essayé d'enlever le public, mais sans y réussir aussi complètement
que son nom pouvait le faire espérer. Il avait fallu lutter contre
le printemps, la chaleur, le départ pour la campagne et le sou-
venir récent de concerts à succès ; la bataille était trop difficile
à gagner. Après lui, M. Merly n'a guère été plus heureux ; en
hiver, on l'aurait suivi avec plaisir; au mois des fleurs, le public
prend la clé des champs et il est difficile de le ramener dans une
salle. Il a fallu que M. de Gaston employât des sortilèges d'un
ordre supérieur pour vaincre le courant et rappeler la foule. Ses
séances, chaque fois plus applaudies, lui ont fait une réputation
égale à celle des plus fameux nécromanciens. Une autre enchan-
teresse a eu aussi le talent de remplir la vaste salle du Grand-
Théâtre, au point qu'il eût été difficile d'y ajouter un spectateur.
Pour la dernière représentation de l'année théâtrale et pour faire
ses adieux à M'ne Van den Heuvel, qui a joué avec sa supériorité
accoutumée un de ses plus beaux rôles, la Somnambule, le public
lyonnais s'est, le dernier jour du mois, entassé par une chaleur
étouffante dans un espace évidemment trop étroit. Mieux que les
bravos, mieux que les couronnes qui lui ont été prodigués, cet
empressement a dû prouver à M me Van den Heuvel combien elle
avait les sympathies de notre ville<çt combien on regrettait son
départ.
   Pour être juste, nous avouerons que notre artiste aimé, M.
Achard, a eu sa bonne part dans les applaudissements et les ova-
tions de cette belle soirée. Celui-là nous le gardons et il a vu