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 450                   BIOGRAPHIE DE LA MURE.

  picacité pour découvrir la vérité des faits dans les questions
  de détails. Lorsqu'il avait en main toutes les pièces nécessaires,
  il parvenait à résoudre les difficultés qui pouvaient d'abord
  sembler le plus insolubles. Excellent pour l'analyse, il manquait,
  comme la plupart de ses contemporains, d'esprit de synthèse.
  Mais on tomberait dans une grave erreur, si l'on supposait qu'il
  n'a pas de critique. Comme son récit, en général, est dénué de
  discussion apparente, on pourrait croire, à première vue, qu'il ne
  discutait pas. Mais pour quiconque l'a étudié, il est indubitable
  qu'il commençait d'abord par discuter avec lui-même et qu'avant
  d'exposer les faits dont il semble n'être que le simple narrateur,
 un travail préparatoire s'était fait dans son esprit. Ce n'est
 qu'après avoir comparé et pesé avec soin le pour et le contre,
 lorsqu'il avait à sa disposition tous les éléments nécessaires, qu'il
  exposait purement et simplement le résultat de ses jugements.
 On retrouve, dans ses notes manuscrites, les marques évidentes
 de cette discussion. Ce sont des extraits des auteurs qui l'avaient
 précédé, couverts de ratures, des notes pour indiquer des
 recherches à faire, et cette formule répétée à satiété : sciatur,
 — il faut savoir, il faut vérifier, — pour tous les faits qu'il croyait
 douteux ou dignes d'examen.
    Il consulta avec soin tous les monuments qui pouvaient éclairer
ses recherches, ou servir de point d'appui aux documents écrits.
 Mais de son temps, les ressources que l'archéologie du moyen-
 âge fournissaient à la critique étaient fort restreintes. On ne
 savait pas, comme aujourd'hui, fixer d'après des types architech-
noniques une chronologie rigoureuse. Aussi ce ne fut que sur
les inscriptions, les sceaux et les blasons que se fixèrent à peu
près les investigations de La Mure et il en tira tout le parti qu'il
était possilble alors d'en obtenir.
    Telle est la méthode dont il se servait pour étudier l'histoire.
Il a publié plus d'anciens documents que la plupart des histo-
riographes de la province ; tous ses ouvrages historiques sont
surtout précieux à ce titre et témoignent des travaux profonds
de l'auteur, du caractère sérieux de son esprit et de la conscience
qu'il apportait dans ses études.