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380 ÉLOGE DE M. DE CHANTELAUZE. M. le docteur de Laprade, qui lui porta ses derniers adieux. II e'tait allé chercher quelques jours de repos dans la paix de la campagne. Trois jours après son arrivée il s'endormait du repos éternel dans les aspirations de la foi et lés étrein- tes de la famille. Ses prières suprêmes furent'un dernier hommage a toutes les fidélités de sa vie. Les plus touchants, les plus augustes regrets ont honoré sa tombe, en France et hors de France. Notre cité a compris sa perte, tous les esprits d'élite ont partagé son deuil ; celui du corps savant qui les représente tous, puisait sa source dans une confraternité de quarante ans, dont chacun revendiquait le souvenir. Sa mémoire avait été honorée au lieu même de ses funérailles par une voix fidèle de l'ancienne magistrature dauphinoise, mais la vôtre ne pouvait rester muette. Puisse la mienne s'en être montrée le digne et religieux écho ! Et après ce devoir rempli en votre nom, qu'il me soit per- mis de lui adresser moi-même un suprême adieu et de faire un dernier retour sur notre vie passée. Tant de nobles sympathies avaient uni nos cœurs ; tant de mystérieux rapprochements avaient mêlé nos destinées. La même enceinte nous avait entendus, lui au parquet où il fonda sa renommée, moi au barreau où me soutint la bienveillance de mes pairs; tous deux nous l'avons quittée pour la politique et nous nous sommes retrouvés a une grande barre en un jour solennel. Tous deux, nous avons aimé la tribune, tous deux nous avons connu le pouvoir, et reçu le dépôt des sceaux de France. Nous avons traversé les mêmes grandeurs : tous deux, nous les avons vues brisées par des coups de foudre, et ce n'est pas pour nous que nous les avons regrettée^.