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V76 DE L'HOMME et d'étendue, comme le dit Rollin. Nés déprédateurs, les Ro- mains le furent toujours ; nés conquérants, ils le furent tou- jours ; nés superstitieux et fourbes , ils le furent toujours ; nés fiers et méprisants à l'égard des autres peuples, ils le furent toujours, et le destin de leur ville impure et superbe qui donna ses lois impitoyables, ses mœurs dissolues aux trois quarts du monde connu alors, fut enfin de succomber, après douze siècles d'existence, sous l'effort des nations irritées contre elle. XV- La chute de l'empire d'Occident rendit-elle meilleur le sort de l'humanité? Les progrès du christianisme changèrent-ils quelque chose à la triste condition des peuples? Ces deux graves questions ont été plusieurs fois et diversement réso- lues. Dans notre pensée, les populations soumises à la domina- tion de Rome ne firent guère, à l'invasion dite des Barbares, que changer de maîtres : on remarque , cependant, que les Gaules furent traitées plus doucement par les rois golhs et bourguignons, qu'ils ne l'avaient été par les officiers de l'Em- pire. À l'égard de l'influence du christianisme, elle fut en ef- fet prodigieuse aux premiers siècles de l'Église; mais il est de fait que cette influence n'eût lieu que sur l'esprit des pau- vres, des opprimés, qui trouvèrent des consolations puissantes dans la douceur de la morale chrétienne, etsur l'esprit de quel- ques philosophes platoniciens qui furent subjugués par la har- diesse et la sublimité d'une métaphysique devant laquelle tom- baient tous les rêves de l'ancienne sagesse, louchant la véritable nature de la divinité. Les grands de la terre, les puissants, les riches, refusèrent d'abord de reconnaître le Dieu des chré- tiens, et les édils des Empereurs, pour le maintien des vieilles croyances du paganisme, surpassèrent en barbarie tout ce