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KT PATJL-LOUIS COURIER. 279
Oh ! qu'il a bien eu raison de chercher dans d'humbles
amours les jouissances vraies qui laissent dans l'âme la paix
et la plénitude, au lieu de s'abandonner aux ambitions vul-
gaires, mères des insatiables désirs ! Lui qui ne fit point de
discours sur le mépris des richesses, lui qui ne maudit point
le poids et l'ennui des grandeurs en s'appuyant sur un porte-
feuille de ministre, vécut, ne s'en vantant pas, dans la pau-
vreté et la solitude, suivant, sans y songer sans doute, le
précepte du philosophe : « Tâchant plutôt à se vaincre, que
la fortune; à changer ses désirs, que l'ordre du monde. » A
toutes les époques de sa vie, il refuse les emplois, les récom-
penses.— Dans son premier recueil il s'écrie :
Respectez mon indépendance,
Esclaves de la vanité,
C'est à l'ombre de l'indigence
Que j'ai trouvé la liberté.
Après 1830, il répondait aux offres empressées de ses
amis :
Non, mes amis, non je ne veux rien être ,
Semez ailleurs places, titres et croix.
Non, pour les cours Dieu ne m'a pas fait naître ,
Oiseau craintif, je fuis la glu des rois.
Que me faut-il ? maîtresse à fine taille ,
Petit repas et joyeux entretien ;
De mon berceau , près de bénir la paille ,
En me créant, Dieu m'a dit : ne sois rien.
Et, enfin, en refusant les dons de M. Sébastiani :
Au fait, pourquoi pensionner
Ma muse indépendante et vraie ;
Je suis un fou de bon aloi,
Mais en secret argenlez- moi
Et je deviens fausse monnaie.