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                          KT DE LA SOCIÉTÉ.                               V77

qu'avaient pu imaginer les plus dure législateurs; la rage des
juifs contre les sectateurs du Christ vint encore servir d'auxi-
liaire au fanatisme cruel des adorateurs du grand Jupiter.
 Cet affreux état de choses dura depuis la mort de Tibère j u s -
 qu'à l'avènement de Constantin au trône impérial.
     Alors le christianisme fut véritablement triomphant. Pen-
 dant trois siècles, il n'avait eu que des combats à soutenir;
 dans Rome, toutes les hautes classes de la société, qui n'a-
 vaient pu comprendre la grandeur de sa Ihéodicée, n'avaient
 également pu se soumettre à la pureté de sa morale ; le sénat,
 les magistrats, tous les ordres de l'Empire, n'avaient cessé de
 mettre obstacle aux progrès d'une doctrine regardée par eux
 comme attentatoire à la majesté des Dieux, ainsi qu'à la sûreté
 de l'État ; les rhéteurs avaient soutenu, de tout le prestige de
 leur éloquence, les rigoureuses mesures prises dans l'intérêt
 d'un culte discrédité ; mais il était écrit que tant de répugnan-
 ces devaient enfin céder, que tant d'efforts devaient s'évanouir,
 et que l'enseignement chrétien, qui satisfaisait à tous les b e -
 soins de l'humanité, qui s'adressait aux riches comme aux
 pauvres, qui réprimait l'orgueil des uns et calmait les souffran-
 ces des autres, qui recommandait à tous la justice, la patience,
 l'humilité, le désintéressement, l'amour du prochain, devait
 finir par être la croyance et la règle de l'univers.
     Cependant, il faut le dire, il y eut moins de conviction que
 de politique dans les grands de Rome, qui se décidèrent à se
  ranger sous l'étendard du Christ ; se voyant débordés de tous
 côtés, ils sentirent la nécessité d'abandonner les vieilles tradi-
  ( ions du paganisme, de se mettre à la tôle du grand mouvement
 qui s'opérait dans les esprits, et ils eurent l'habileté de s'en
  emparer, afin de le conduire au point où leurs intérêts voulaient
 qu'il s'arrêtât (i). La vérité est que si, sous le Bas-Empire, il

  (r) « Ce ne fui point la piété, dit Montesquieu, qui établit la religion dans