Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                     MON VOYAGE A PARIS.                         511

chirurgien fui promptement appelé. Ses soins m'eurent
bientôt soulagé ; il m'assura, en me quittant, que cet accident
fâcheux n'aurait aucune suite sérieuse.
   Mon premier soin, le lendemain matin, fut de faire écrire à
mon ami ï a y l o r . Il accourut aussitôt qu'il eut appris le m a l -
heur qui m'était arrivé.
   Quand je lui eus raconté tous les détails de cet événement
déplorable, il me fil de douces railleries sur mon empresse-
ment à secourir les belles éplorées, et finit par me faire rire
moi-même de celle mystification qui me coûtait seulement
ma bourse, mes bijoux, une partie de m^s vêlements et un
bras cassé, tandis qu'elle aurait pu me coûter la vie.
   — J'espère, mon cher Twig, nie dit en souriant Taylor, que
celle mésaventure calmera votre envie d'aller courir le inonde
hors de voire pays. Vous conviendrez avec moi que c'est assez
des chances fâcheuses qu'on est obligé de souffrir chez soi,
sans qu'on s'expose de gaîté de cœur aux chances plus fâcheu-
ses encore qu'on peut encourir chez les autres.
   — Vraiment, mon cher ï a y l o r , répo:idis-je, vous méjugez
trop sévèrement. Ce n'était pas une futile curiosité qui m'en-
gageait à faire le voyage de Paris. A vous, qui êtes mon ami,
j'avouerai que j'avais un motif plus grave et plus important.
   — Eh bien, quel était ce motif r Ne me faites pas vos con-
fidences à demi ; dites-moi tout, qui sait si je ne pourrai pas
vous être utile.
   — Je cède volontiers à vos instances. Aussi bien j'éprouve-
rai un soulagement à m o n anxiété, en vous en faisant con-
naître le motif.
    Sachez donc que je suis amoureux, oui amoureux fou de Miss
 Pénélope Muggins; sachez que mon plus vif désir est de lui
plaire et d'obtenir sa main; sachez que Miss Pénélope et toute
sa famille sont allés à Paris, raffolent de Paris, n'estiment que
 ce qui vient de Paris, dédaignent tout ce qui n'a pas vu Paris,
 et comprenez enfin quel déplaisir je dois éprouver de ne pou-
 voir obtenir par un voyage à Paris ce presligieux avantage de