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310             TABLEAU DE LYON EN 1786.
une confiance, une bonne foi que je n'ai vues qu'ici, et qui
peut-être ne pourraient exister ailleurs. Les faillites y sont
très rares, et plutôt l'effet du malheur que l'ouvrage de la cu-
pidité : enfin l'on peut dire que si le dieu du commerce a
son principal temple à Lyon, il n'y est honoré que par des
mains pures, et n'y reçoit-que des victimes sans taches.
   Si de l'état du commerce nous passons à celui des sciences,
des lettres et des arts, vous serez surpris de leurs progrès au
milieu des calculs de l'intérêt et des soins du négoce. Le
Lyonnais a naturellement de l'esprit ; il conçoit facilement, il
s'exprime avec grâce ; il a pour les étrangers cette affabilité
qui naît d'un cœur confiant et facile, et qu'il faut distinguer
de cette politesse étudiée, masque d'une ame stérile, qu'on
 donne et qu'on prend si souvent à Paris pour un véritable
intérêt. De ces dispositions heureuses naît une aptitude, un
 désir de s'instruire qui, lorsqu'il trouve à les satisfaire, le
 rend sensible aux charmes de l'étude et de la littérature.
 C'est surtout dans la génération actuelle que l'on remarque ce
 besoin d'apprendre, la source des jouissances les plus dura-
 bles, et qui parle si impérieusement à ceux qui, comme vous,
 sont nés pour être les bienfaiteurs du monde qu'ils instrui-
 sent et qu'ils éclairent.
    Vous attendez, mon ami, que je vous parle aussi des fem-
 mes , et je n'aurai garde d'omettre un article sans lequel
 mon tableau serait imparfait. Le sexe est ici beaucoup plus
 beau qu'à Paris. Les femmes y ont de la fraîcheur, de la
 grâce, et de cettefinessequi rend aimable jusqu'à la laideur :
 leurs yeux sont très expressifs, leurs gestes animés, leur lan-
 gage doux et séduisant ; elles annoncent dès leur plus tendre
 enfance un esprit très actif, des grâces qui n'appartiennent
 qu'à elles et dont elles tirent un merveilleux parti. Elles pa-
 raissent aimer beaucoup la parure, mais plus encore la pro-
 preté, c'est donc en elles moins un projet de séduire, qu'un