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— 69 — ÉTUDES DE CIVILISATION ET DE LITTÉRATURE BYZANTINES il UN GRAND POÈTE BYZANTIN, ROMANOS La poésie religieuse fut représentée, de très bonne heure à Byzance, et la tradition littéraire nous a transmis les noms de Marcien, de Jean le Moine et surtout d'Auxence, qui vivaient au Ve siècle. La religion tenait une place trop importante à Byzance pour ne pas inspirer, très tôt, l'esprit délicat et mystique de ses poètes et leur permettre, par elle, de renouveler la poésie profane, qui se mourait depuis bientôt deux siècles ; et, de fait, la religion a donné à Byzance un grand poète, et, peut-être, l'un des plus grands poètes de tous les siècles : Romanos, ou saint Romain le Mélode. I Romanos le Mélode, dont le nom brille dans l'histoire de la poésie religieuse, à Byzance, comme celui de Pindare dans celle de l'Hellade an- cienne, nous est, cependant, fort peu connu. Vivait-il sous Anastase I er (491-518), comme le veulent Pitra et Stevenson, ou sous Anastase II (713- 715), comme le croit Krumbacher? Les deux hypothèses peuvent se sou- tenir. Cependant, si Romanos vécut réellement à l'époque d'Anastase II, il peut paraître étrange de ne trouver aucune allusion, dans ses poésies, aux querelles iconoclastes qui désolèrent le règne de cet empereur. Quoi qu'il en soit, depuis longtemps, semble-t-il, et dès le IXe siècle peut-être, on ne connaissait de la vie du mélode que ce que nous mêmes en connaissons aujourd'hui. Aussi, la légende s'empara-t-elle rapidement de la vie du saint. Le génie de Romanos, la perfection et le grand nombre de ses hymnes ne paraissaient pouvoir 's'expliquer que par un don divin. La légende était déjà créée au Xe siècle, époque la plus reculée où remonte l'un des quatre textes qui résument une Vie, plus ancienne, mais plus détaillée et non