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de la presqu'île. Entre ces deux quartiers circule l'artère fluviale de la ville,
la Saône, traversée par quatre ponts, le pont de bateaux d'Ainay, le pont
de pierre, les ponts de bois de Bellecour et de Saint-Vincent. Dans la
masse compacte des maisons se découpent les grandes places : le double
triangle de la place des Cordeliers et de la place des Jacobins, celle-ci ornée
d'une pyramide dressée en 1609 à l'honneur de Henri IV et de la Sainte-
Trinité ; le rectangle constitué par la place Bellecour, que continue un autre
rectangle plus petit, la place du Port-au-Roi ; le rectangle de la place des
Terreaux avec, au centre, une pyramide carrée surmontée d'une croix.
Au-dessus de ce pittoresque panorama émergent les silhouettes des soixan-
te-dix-huit églises ou chapelles de la ville *, parmi lesquelles on remarque
notamment les tours carrées de Saint-Jean, la flèche de Saint-Paul, le vais-
seau de Saint-Nizier, les clochers à écoinçons de Saint-Martin d'Ainay et
de la Platière ; mais aux édifices religieux se juxtaposent désormais les
 monuments civils bâtis depuis un demi-siècle, signe et annonce de temps
 nouveaux : l'Hôtel de ville, l'Hôtel-Dieu, l'hôpital de la Charité.


                                                  il

     Français et étrangers expriment en termes lyriques l'admiration que
leur cause un pareil spectacle. L'Anglais Thomas Coryat, qui visita Lyon
en 1608, vante « ses rues belles et nombreuses et ses magnifiques bâtiments
publics et privés », et il déclare que « l'on estime qu'après Paris, c'est le plus
important marché et la ville la plus importante de la France » 3 . Un gentil-
homme français anonyme, qui voyageait vers 1661, ne tarit pas d'éloges sur
« cette belle et grande ville..., le cœur et la clef du royaume », dont les habi-
tants « adroits pour le trafic » ont par surcroît « l'humeur aimable et un
naturel charmant », et il affirme qu'on ne peut juger de la beauté de Lyon
que « par sa propre vue, n'y ayant point de plume qui puisse en faire une

    1. Cf. Collombet, les Eglises de Lyon du XW   siècle, p. 461 (Revue du Lyonnais, 1843).
     3. A. de Montaiglon, Un voyageur anglais à Lyon sous Henri /F(1608), dans Revue du Lyonnais,^ série,
IX, 1880, p. 339-330.