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DEUX ÉMEUTES AU XVUt" SIÈCLE. 283 On dit qu'un des insurgés reconnut le cadavre de son père, mort à l'hôpital et transporté là pour être disséqué. Les deux salles de cette école, où l'on venait de faire pour dix mille livres de réparations, furent bientôt saccagées, et déjà ils mettaient le feu partout, indépendamment d'un brasier extérieur sous la grande votite de la bibliothèque, alimenté par des bancs, des chaises, des poutres, des planches, des boiseries et enfin par des tas de fagots exposés en vente sur le rempart du Rhône, ce qui occasionnait une flamme qui montait jusqu'au plus haut de la voûte. On blâme fortement M. de la Verpillière, prëvost des mar- chands, qui ayant temporisé avec les insurgés et défendu à la force armée d'user de rigueur, s'était rendu au spectacle, comme étant assuré du peu d'importance de l'émeute. Cependant les gens en place arrivèrent, M. le prévost des marchands, l'inten- dant M. de Flesselles, M. Pupil de Myons, lieutenant-général de la sénéchaussée, M. Peysson de Bacot et M. Dugas, lieutenant criminel. Ils s'assemblèrent dans la salle de la préfecture du collège, et le trouble qui s'empara des esprits à . la vue d'un événement si extraordinaire, si vif et qui ne paraissait pas devoir finir de sitôt, fait perdre la tête à M. de la Verpillière, qui ne sait quel parti prendre; il offre à tout le monde et notamment à M. Dugas toute son autorité pour faire cesser le désordre. Cette offre était fondée sur la grande popularité dont jouissait M. Du- gas et sur l'attachement connu de sa famille pour les jésuites; le père Langlade, supérieur du collège, était plus mort que vif. Toute la communauté était dans la consternation, étant persuadée qu'on voulait se venger sur elle de l'expulsion des jésuites, forte- ment regrettés par le peuple. Sur ces entrefaites, les secours arrivent, le guet, les arquebu- siers, la compagnie franche, tout ce qu'on put amasser de forces un dimanche, se porta aux endroits les plus menacées et aug- menta le désordre occasionné par un attroupement de curieux de plus de dix mille personnes. Les conjurés, de leur côté, ne trouvant plus d'aliments à leur fureur, après avoir tout détruit dans l'École de médecine, atta-