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238                        «IRONIQUE LOCALE.
in-8, 4841). — Cet ouvrage, réédité en 1843, révèle chez son
auteur une grande érudition, en même temps qu'une profonde
connaissance du cœur humain ;
   2° Théorie morale du goût (1847).— Ce livre, trop peu connu,
renferme à la fois un traité de littérature et un cours d'esthétique;
   3° Les merveilles du corps humain (1856), servant d'introduc-
tion aux deux ouvrages précédents.
   Le docteur Descuret laisse aussi en portefeuille plusieurs ou-
vrages entièrement terminés, dont le titre seul nous révèle l'in-
térêt :
   1° Les médecins moralistes ;
   2° l'Esprit de la grammaire, et 3" ses mémoires tous ce titre :
Mémoires d'un vieux médecin.
                                                  A.   VACHEZ.

                     CHRONIQUE LOCALE
   Si cela n'était pas arrivé, nous aurions été bien surpris, nous étions si
bien préparés.
   Voità nombre d'années que nous glissions snr cette pente ; un peu plus
ou un peu moins, nous prenions tous part à la dégringolade ; il fallait bien
un jour arriver au fond du précipice.
      Nous y voiià.
      Regardons-nous.
   — N'êtes-vous pas un peu fou, Monsieur ?
   — N'avez-vous pas un petit grain, Madame?
   — Nous l'avons bien cherché.
   — Nous l'avons bien mérité.
   Dès io collège, nous rêvions révoltes et révolutions, nous commencions
par nos pions et nos préfets, qu'en leur qualité d'autorité supérieure nous
 méprisions souverainement et à qui nous obéissions le moins possible.
   A peine sortis de l'école, nous avons porté au Gouvernement les senti-
ments que nous avions pour nos professeurs. Ah ! le sergent de ville! ah
le gendarme ! fi donc ! quelle horreur !
   Et le préfet, et ic ministre. Dites donc, iis sont jolis ceux-là! — Et puis
au lieu de se créer sérieusement une carrière, on rêvait émeute en fu-
mant sa pipe dans un bouge et en buvant l'absinthe, cette liqueur si
chère à la jeunesse d'aujourd'hui.
   On ne feuilletait plus de gros livres sérieux, mais on se délassait en lisant
Rocambolc.
   Tel qui ne croit pas à Barbs-blene et au Petit-Poucet, s'éprenait pour le
courage et l'audace de ces hommes, qui, affiliés aux tuggs ou aux fénians.
disposaient de trésors immenses, habitaient des souterrains aux mille cir-
cuits, prenaient d'incroyables déguisements, punissaient le crime, ven-
geaient l'innocence, pourfendaient les escadrons, dominaient les éléments
et surtout tenaient en échec tous les pouvoirs.
   Les pouvoirs étaient la bête noire de tout le monde, les pouvoirs réguliers
s'entend, car pour tout ce qui était occulte et secreî,on y prêtait volontiers
les mains.
   Alors les esprits se sont exaltés, les caracières se sont aigris. Onn'estplus
resté chez soi, ou a eu besoin de surexcitations, de luttes et dé contradic-
tions, de-veilles, de voyages, de plaisirs bruyants,de jeu,de musique cuivrée,
de vaudevilles épicés ; on anégligé le travail, les fortunes se sont ébranlées,