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                       JOANNY DOMER                       42I

dans un cerceau ; une adorable femme les poursuit pour
sauter à.son tour, suivant ainsi son éternel guide. Avais-
je raison de dire que Domer était non seulement un peintre
et un poète, mais encore un profond penseur ?
   Enfin, un petit Cupidon, charmant éphèbe aux ailes
bleues, se balance nonchalant sur un trapèze, souriant d'un
air moqueur et semblant choisir une proie assurée. Des
Amours ravissants, dans des raccourcis qui déconcertent et
dont Domer semblait posséder seul le secret, nous ramènent
à Orphée, dans un ciel plein de gaieté et de fraîcheur.
   M. Jumel, analysant cette œuvre, écrivait dans le Lyon-
Revue '• «'Domer a le don des transitions et des rappels; de là
la grande harmonie qui règne et dans ses compositions et
dans ses coloris. Ainsi rien n'est plus charmant dans le
plafond du Casino que ces vols de petits oiseaux et de papil-
lons qui apparaissent partout où ne plane pas quelque
Amour léger et qui répondent au nimbe ailé couronnant la
tête d'Orphée. C'est comme les teintes bleues et roses des
draperies; non seulement elles sont d'une fraîcheur sédui-
sante, mais elles sont encore distribuées avec un art infini,
donnant du relief aux contours et faisant valoir les chairs ;
elles se fondent entre elles par des dégradations savantes et
donnent à l'ensemble un charme souverain qui fait le bonheur
des yeux. »
   Cette science des transitions et des rappels, cette séduc-
tion du coloris, cette unité merveilleuse de conception se
retrouvent dans toutes les œuvres du maître plafonnier.
   Suivez-moi au théâtre des Célestins, devant ce plafond
qui subit tant de vicissitudes ! Là, s'étale le beau poème des
Nuées d'Aristophane, traduit par Domer avec cette com-
préhension étrange qu'il avait des poètes anciens et de leur
philosophie.