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                    AVEC M. DE SA1NT-GERAN                          27

gneuriale en province, et quatre pierres de plus ou de moins
devenaienc une capitale affaire. Si Honoré d'Urfé eût été
présent quand sa femme faisait ce petit coup d'Etat, il l'aurait
plus prudemment conseillée que les officiers et serviteurs à
tète étroite dont elle suivait les avis. Maisd'Urfé était alors
« en cour près de Sa Majesté », circonstance honorable que
Diane n'oubliera pas d'ailleurs de noter, même au milieu
des plus vives alarmes.
    La nouvelle de cette folie arriva à M. de Saint-Geran ; il
n'en fallait pas tant pour pousser à bout un homme dont la cer-
velle n'était guère plus sage.Le bruit courut même queMadame
de Châteaumorand « s'estoit jactée qu'elle tascheroit par tous
moyens qu'aulcune cérémonye ne fut faicte » : entendez
à la quarantaine de Jacqueline de Chaugy,fixée au 11 no-
vembre 1613. Ce bruit était invraisemblable, et sans doute
le comte de Saint-Geran n'y croyait pas, bien qu'il le tînt
« d'ung homme de qualité qui l'a ouy dire à ung des amis
de ladicte dame de Chasteaumorand ». Cependant il parut
prendre au sérieux cette menace ridicule. Quand ensuite on
lui repro;ha le déploiement de forces dont il avait entouré
cette cérémonie pieuse, il répondit que, « pour empescher
l'effect desdictes jactances », il avait bien été obligé de gar-
der militairement le catafalque de sa pauvre grand'mère !
Quoi qu'il en soit, on va voir comment M. de Saint-Geran
et M. de Chitain firent la quarantaine de Jacqueline de
Chaugy, avec mille pistolets et arquebuses en manière de
cierges.
    Le samedi 9 novembre, Jacques de Jas, gentillliomme au
service d'Honoré d'Urfé, se présentait à Montbrison chez
Guillaume de la Chaized'Aix(i), prévôt de la maréchaussée

   (1) Beau-frère du P. Cotton, confesseur d'Henri IV et de Louis XIII,
et grand-père du P. de la Chaize, confesseur de Louis XIV.