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422 JOANNY DOMER Au dessus du proscenium, la Minerve antique se dresse sur un trône; Praxitèle, le marteau à la main,/rappe le marbre pour l'animer, tandis qu'Aristophane, tête admirable de vieillard inspiré, écrit sous la dictée de la déesse. L'Ins- piration, femme adorablement cambrée et nimbée d'une étoile d'argent, suggère ses grandes envolées au poète; la Renommée en jette les échos parles cent voix de ses trompes d'airain. Alors va se dérouler la théorie des figures du poème. Un éphèbe, au corps frémissant, jette à la Minerve des cou- ronnes de roses : une Muse lui offre sa lyre et le poète va chanter. Voici la Guerre et toutes ses horreurs. Mars, un glaive à la main, s'appuie sur un Hercule hideux dans sa masse de chairs musclées et dans sa bestialité brutale. Sa massue écrase villes et monuments effondrés. Rien ne saurait tra- duire l'effet terrible de cette figure odieuse, inconsciemment puissante, un pur chef-d'œuvre. Alors Domer use de son procédé habile de transition, pour nous conduire des hor- reurs de la Guerre aux douceurs de la Paix. Cette transition, c'est le Rêve, le rêve d'or chassant les noirs songes, toujours la philosophie dans l'œuvre. Une femme renversée, dans un raccourci audacieux, s'endort, portée par les Amours aux ailes déployées; c'est le Rêve, que suit la Nuit avec son disque d'argent. Un couple enlacé, dans des poses lascives, se joue sur les nuages, tandis qu'une envolée d'oiseaux et d'Amours les accompagnent énamourés. Alors arrive la Paix, avec ses Joies pures et ses Amours fécondes, qui nous ramène au groupe d'Aristophane. Telle est la grande idée qu'a, développée Domer au plafond des Célestins. Je ne quitte pas les théâtres, et j'arrive sans transition au plafond du foyer du Grand-Théâtre, achevé en 1886. Ce plafond comprend trois panneaux qu'encadrent d'énormes