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420 JOANNY DOMER en haut du manteau d'Arlequin, qui domine la scène, Orphée charme avec sa lyre une lionne énamourée s'abandonnant à ses pieds dans une pose alanguie; à ses côtés, se tiennent deux lions captivés, domptés par l'harmonie; l'un d'eux s'enhardit jusqu'à poser sa griffe puissante sur la cuisse du chantre divin. Tout autour, formant une auréole à cette belle tête inspirée, oiseaux et papillons voltigent ravis, tandis que Cupidon, l'enfant cruel, jongle avec des cœurs et se fait un jeu de les recevoir sur la pointe aiguë de sa flèche. Mais un petit Amour compatissant dérobe, en son vol, à Cupidon, un cœur qu'il emporte triomphant ; douleurs et joies du cœur ! Comédie ! a écrit Domer, philosophe autant qu'artiste. Œgypans et Amours mènent à la suite une bacchanale échevelée, conduite par un petit sauteur joufflu que font danser deux jolies femmes aux corps souples, admirablement modelés, et, terminant la danse folle, le Rire, à l'œil malin, à demi caché sous un masque grimaçant, fait éclater de joie un Priape hilare. Enfin, voici Anacréon, le poète tou- jours jeune, toujours gai, toujours amoureux. Le beau vieillard, couronné de fleurs et assis sur le lit des festins, s'appuye sur une jeune Grecque, aux formes voluptueuses, aux yeux pleins de langeur, qui lui verse le nectar dans une coupe d'or, tandis que l'Amour effeuille sur eux des roses. Apollon, Anacréon, la Poésie et le Rire, telles sont les deux grandes figures qui président aux ébats joyeux du Casino. Et comme tout doit, dans l'œuvre de Domer, concourir au but précis qu'il se propose, et traduire l'œuvre écrite dans sa pensée, voici Pierre Dupont, l'apôtre de la Chanson, qu'un génie couronne de lauriers et de houx ; et enfin l'Acrobatie, symbolisée, avec une originalité charmante, par un homme aux muscles puissants qui fait sauter des Amours