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                 LES PROTESTANTS A LYON                   253

était en ce temps-là dans une situation difficile, du fait des
dépenses de la cour et surtout des guerres, par suite aussi
des lourdes charges publiques. La révocation de l'Edit de
Nantes ajouta une perturbation plus grande et produisit un
appauvrissement direct et indirect. La misère dans les
métiers vint delà moindre consommation. Ce n'étaient ni
les fabricants ni les ouvriers qui manquaient, c'étaient les
acheteurs. Quand on étudie les documents du temps, on
observe que la demande de toutes choses s'était ralentie et
que, pour certaines choses, elle s'était même arrêtée. La
crise n'a pas tardé à s'aggraver, parce que les ressources
s'étaient épuisées à entretenir les armées, souvent aussi à
nourrir, à soutenir des légions d'ouvriers.
   Ce que nous disons à ce sujet est, pour ce qui se rapporte
à Lyon, contraire à l'opinion qui a cours à Lyon même,
contraire à des assertions qui se sont produites de nos jours
dans divers écrits. Nous pouvons justifier le sentiment que
nous exprimons, et nous le ferons au moyen d'actes et de
faits contemporains.


   Au lendemain de la révocation de l'Edit de Nantes, en
1686 et en 1687, le Consulat prit à Lyon, pour la fabrique
d'étoffes de soie, sur la demande de la communauté des
fabricants, des mesures assez rigoureuses. Etait-ce parce que
la fuite des Réformés nous avait fait perdre des maîtres et
des ouvriers ? Tout au contraire. C'était « pour empêcher
la multiplication et confusion d'Ouvriers Forains, Estran-
gers et autres qui venoient se jeter dans ladite communauté
et accroistre la misère » ; c'était encore parce que « le
nombre des maistres estoit accru presque du tiers depuis le
temps de ladite ordonnance (celle du 13 décembre 1684),