Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                   LES PROTESTANTS A LYON                         187

pas cent mil escus comptant (31). » Si le crédit était en ce
temps si bien ordonné et si facile, c'est que, par bilans
trimestriels (32), selon la méthode génoise, « on ne pert
presque pas de vue son argent. »
   Quoiqu'on eût à Lyon des ressources personnelles déjà
abondantes, on n'aurait pas pu suffire à tous les besoins du
commerce. Aussi, lors de la révocation de l'édit de Nantes,
l'ordre fut donné de ménager les marchands étrangers, et
d'Herbigny dit que « les Suisses ne furent pas inquiettez. »
   Néanmoins une partie de ces familles partirent. Parmi les
familles lyonnaises protestantes qui avaient fui, on en
comptait qui étaient au premier rang dans le commerce et
dont les biens étaient considérables ; elles surent emporter
leur fortune et entraînèrent avec elles de riches marchands
étrangers (33). Ce fut, pour Lyon, un des pires effets de la
révocation que la désorganisation du marché des capitaux
et du commerce de soies et de produits. La crise de con-
sommation qui suivit aggrava le mal, mais on ne peut
s'empêcher de reconnaître qu'elle justifia, au point de vue
 des intérêts privés, ce déplacement hardi et rapide des
 capitaux.
                                          NATALIS RONDOT.
        (A suivre.)



  (31) D'Herbigny. — De Rubys a parlé aussi, dans son Histoire, de
« l'ordre et police des payements de Lyon », (p. 499).
  (32) On obligeait « les négocians de faire tous leurs billans dans un
dépost publicq. »
  (33) D'Herbigny a constaté que beaucoup de marchands protestants
de Lyon se sont retirés en Suisse, en Hollande, en Angleterre et en
Allemagne, et « comme estoient riches et faisoient bonne figure dans le
commerce, ont emporté du bien considérablement. »