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BIBLIOGRAPHIE I5J La morale de Volney, nous dit-il excellemment, « est le renversement de toute morale digne de ce nom. Avec sa doctrine, il y a de la folie à sacrifier sa vie au devoir, puisque la vie est le premier et pour ainsi dire le seul bien, et la sagesse consiste à faire de la conservation de la vie le but de la vie elle-même. Rodrigue et don Diègue, le jeune Curiace et le vieil Horace ne sont plus que des insensés, égarés par la croyance à une religion chimérique, à la religion de la famille, de la patrie et de l'honneur. Les vrais sages, c'est ce bon Sganarelle, qui se cache dans un coin et pourvoit prudemment à sa sûreté, au lieu de secourir son maître et de s'exposer à recevoir quelque blessure dangereuse ; c'est cet excellent Sosie qui, blotti dans sa cachette, se réconforte bravement en mangeant salé et en buvant sec, pendant qu'Amphytrion combat imprudemment des ennemis en armes ; c'est Argan, le malade imaginaire, le dévot par excellence de cette religion de la conservation physique dont M. Fleurant est le sacristain et M. Purgon le grand prêtre » (p. 252.) Mentionnons seulement Saint-Lambert, dont le catéchisme universel n'est qu'un code du plaisir à la seule portée des gens qui ont une santé solide et la bourse bien garnie, et constatons que le sensualisme, c'est-à -dire le matérialisme, ne s'arrêta, de déduction en déduction, ou plutôt de chute en chute, qu'à l'athéisme théorique avec Naigeon et Sylvain Maréchal, et à l'athéisme pratique, avec Chaumette et les Hébertistes, en prêchant la liberté illimitée, l'égalité absolue, la communauté des biens, termes menteurs qui signifient toujours l'oppression du plus faible par le plus fort. On raconte qu'invité à Paris, au mois de novembre 1628, à une réunion de savants chez le nonce Mgr de Bagni, où