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DES GRANDS CARMES DE LYON 409 Un de leurs désirs, en se faisant autoriser à modifier ainsi ce quartier de la ville, fut, à n'en pas douter, d'éloi- gner d'eux plus sûrement les Augustins. Ils firent plus. La nouvelle rue n'étant pas tracée sur la limite occidentale du fonds acquis par Laurent Bureau, les Carmes eurent à vendre la bande de terrain qui restait entre la rue Neuve et le mur des religieux voisins. Ils vendirent ce sol en seize masses égales ou pies ( i ) , et à chacun des acquéreurs, ils imposèrent pour lui et ses ayant droit la condition expresse qu'aucune de ces parcelles ne pourrait être vendue ni don- née aux Augustins. Trois d'entre elles furent vendues par les Carmes à Jean Rose. Sa veuve, Catherine du Solier, après la mort de son second mari, Jacques Bosque, le 4 avril 1538, les vendit à Jean Neyron, fils de Claude Neyron, marchand de Lyon. C'est sur cet emplacement que fut construit le premier théâtre permanent qu'ait vu la population de notre ville; jusqu'alors, toutes les repré- sentations dramatiques s'étaient données sur des échafauds dressés dans les carrefours des rues ou dans des églises. Les histoires que les acteurs de ces temps déroulaient sous les yeux de la foule étaient généralement reproduites et interprétées sous la forme de tableaux plastiques, quelque- fois animés par le geste des personnages et par les change- ments de décorations ; mais, rarement le mystère propre- ment dit ou le jeu parlé a été à Lyon représenté avant la seconde moitié du xve siècle. Nos chroniques religieuses nous parlent d'un premier essai fait, en juillet 1447, par les Frères Mineurs de Saint-Bonaventure, qui firent représenter dans leur maison le jeu de la Passion de Jésus-Christ (Actes (t) Pie de terre, en latin peda terrce; on appelait ainsi un espace de terre qu'on démembrait d'un plus grand pour y bâtir des maisons.