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LAURENT MEILLET DE MONTESSUY 315 est-il vray que j'ay demeuré douze années en vostre Maison, une des meilleures Académies et plus vertueuse escole de France,.. Que sinéantmoins je scay quelque chose au faict des livres, Monseigneur, c'est de vostre institution, c'est chez vous où j'ay apprins à les fueilleter, c'est sous vous que j'ay leu les meilleurs Autheurs, et où j'ay prins goût à la lecture (14). » C'est qu'en effet, comme il arrive toutes les fois que Ton a le courage d'étudier à l'âge d'homme, les progrès avaient été rapides, et le but proposé dépassé. L'ignorant ne voulait acquérir que quelques clartés des lettres, et, entraîné par l'attrait du savoir, il devint érudit. Du reste, sa nouvelle science ne lui sera pas inutile, sa méthode d'enseignement basée sur l'association des idées, demande un esprit alerte et une mémoire garnie; de nos jours elle a été essayée, les élèves en tirent profit, mais les professeurs y sont trop souvent inhabiles. « L'importance, nous dit Meillet (15), estait, qu'il (Henri de Saulx), croissait en âge, et qu'il luy fallait faire aimer les livres ; partant je lui faisais des discours plus sérieux et accomodais aux occurences quelques passages des meilleurs autheurs que j'eusse leu ; mais j'eus une invention beaucoup plus efficace pour son institution. Il y a dans le chasteau de Suilly, en l'Autunois ( i é ) (où nous faisions plus de séjour), cinq remarquables singularités qui sont une Chapelle, une Sale, une Bibliothèque, un Cabinet et une (14) Edit. 1618, epistre. (15) Edit. 1618, pag. 423. (16) De 1600 à 1616, Jean de Sauk vécut dans la retraite, en son châ- teau de Sully, près d'Autun. Il commença en 1601 à écrire les Mémoires de Gaspard de Saulx, qui ont été imprimés pour la première fois au