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LAURENT MEILLET DE MONTESSUY 309 rien ne fut épargné de ce qui se practique par les nations barbares et payennes à l'endroit des chrétiens ; les habitants furent tuez en partie, le reste saccagé et mis à rançon. Un s ;élérat le plus détestable du monde, soy disant gentilhomme (mais le moins noble courage, l'ame la plus vilaine, le plus lâche poltron, le plus insigne voleur, l'homme le plus per- fide, le plus desloyal, le plus traistre qui soit au monde, réfugié à cause de ses précédents assassins et brigandages dans un château proche ledit Villars) achetait à bon mar- ché les prisonniers comme des bestes brutes à une foire : puis ils étaient contraints de se racheter avec des grandes sommes des mains de ce pirate et coursaire voisin : mais Dieu qui est juste a permis que sur le déclin de sa vie il aye assez de peine d'avoir du pain en l'isle de Crémieu où il demeure présentement et vit misérablement tourmenté des bourreaux de sa conscience et agité de perpétuelles furies; je ne le nomme pas, pour ne souiller mon œuvre du nom d'un homme si exécrable (6). Gluant au mareschal de Biron je laisse le discours des parties qui l'ont rendu recommandable à ceux qui font la différence de sa mort avec celle du comte d'Excès ( 7 ) ; bien diray-je que sa répu- tation n'est pas beaucoup augmentée pour avoir fait violer les filles, forcer les femmes, brûler les édifices et finale- ment mettre à sac, à feu et à sang toute la petite ville de Villars. » (6) Meillet reparle encore, pag. 919, éd. de 1618, du « brigand de gentilhomme de l'isle de Crémieu, qui avait fait fabriquer une insigne fausseté en Bresse contre un sien chicaneur de frère. » (7) Le maréchal de Biron comme Robert d'Évreux, comte d'Essex, eut la tête tranchée pour expier le crime de haute trahison. Le comte d'Essex en 1601 et Biron le 31 juillet 1602.