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114 ESSAI SUR LA CARICATURE forme, de modelé, de couleur; mais un contour élégant, pittoresque, négligé quelquefois, commenté par une légende drolatique. Dans le même journal, où s'étalent à la première page ses « fantaisies » et ses « balivernes, » comme il les appelle, d'autres artistes s'y révèlent. Et sous le pseudonyme de Mars, un peintre charmant des élégances mondaines et des ridicules parisiens. Il faut s'arrêter à regret dans cette nomenclature. Le détour a été un peu long pour en venir a mes fins — mes fins dernières, heureusement ! De tout ceci il reste à dégager une leçon. Ce n'est pas, croyez-le bien, le conseil de donner pour but à vos études la charge et la caricature ; elle n'est que trop portée, hélas! à en faire de mauvaises! mais il importe de dire et d'apprendre comment se sont formés tous ces artistes — comment? il n'y a pas deux méthodes; en étudiant, en fouillant, en scrutant la nature jusque dans ses verrues et ses laideurs. Leur sens d'observation, affiné par la pratique, saisit, croque sur place dans les rues, aux champs, à l'Eglise, au théâtre, dans les salons comme aux mansardes, partout enfin, les formes, les contours, les scènes qui les ont frappés. C'est de ce travail constant, acharné, qu'ils tirent la substance et la moelle de leur talent, le marquant ensuite de leur empreinte personnelle. Il y a mille chemins de ce point de départ. La carrière est libre et sans limites, et quelle que soit la voie, le succès vient à son heure, d'autant plus grand qu'il aura été arraché avec plus d'efforts.