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              LETTRES D'HIPPOLYTE FLANDRIN                 I05

Auguste ! visiter ensemble ce beau pays, faire l'ascension
du Vésuve, voir Pompéi, y travailler d'après les belles pein-
tures antiques! Enfin nous nous promettions de ce voyage
et de notre réunion à notre frère un grand bonheur. Mais
le 22 août, je pris la fièvre au Vatican. Le choléra se déclara
à Ancône et ensuite à Naples. Les communications furent
tout à fait interrompues, le sont encore, et de longtemps
peut-être nous ne pourrons espérer ce qui nous promettait
tant de plaisir.
   Mais hélas, ce n'est pas tout. La maudite fièvre n'a plus
voulu me quitter. Après avoir essayé de beaucoup de
remèdes qui n'ont fait que m'éreinter, j'attends le prin-
temps comme le dernier et le seul qui puisse me remettre.
Le pauvre Paul l'a eue aussi pendant les mois de novembre
et de décembre. Nous nous sommes donc tenu compagnie.
Cependant voilà un mois et demi qu'il ne l'a plus, et j'espère
que c'est fini pour lui. Il paraît que le lieu que nous habi-
tons est des plus malsains, car cette année les fièvres ont
été très nombreuses dans Rome, mais il n'y avait cependant
aucune proportion avec ce qu'a éprouvé l'Académie, car
sur une vingtaine de personnes que nous sommes dans le
palais, quinze l'ont eue d'une manière plus ou moins
grave, et par malheur pour moi, c'est chez moi qu'elle est
le plus tenace. Ça m'a bien ruiné, bien affaibli, mais c'est
surtout le temps perdu que je regrette. J'avais choisi pour
ma copie un groupe magnifique de l'école de l'Athènes, et
malheureusement j'en pourrai à peine faire un pauvre
carton ; ça me désole bien.
  J'ai reçu votre bonne lettre (je ne l'ai pas là parce qu'on
m'a changé de chambre pour m'exposer un peu plus au
soleil). Je vous remercie de vos conseils et de la franchise
de vos avis. Je les reçois comme ceux de mon meilleur ami.