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io6              LETTRES D'HIPPOLYTE FLANDRIN

 Oh, que je serai heureux si dans un an, à Paris, nous pou-
vons reprendre nos promenades du soir. Là, nous parlerons
de ce que nous aimons le mieux, et nous nous entendrons-
bien autrement que par lettres ! Dieu veuille nous accorder
ce bonheur, car pour mon compte je reconnais devoir beau-
coup à votre bonne amitié.
   Mais vous, que faites-vous? Êtes-vous toujours dans les
ornements de M. Périn ? (12) La dernière fois vous parais-
siez peu satisfait de votre genre de vie, et vraiment je le
comprends. Que de fois, avec Paul, nous avons parlé de
cela et avons désiré pour vous la liberté ! Vous me ferez le
plus grand plaisir en nous écrivant et nous disant où vous
en êtes. Puis aussi des nouvelles de vos frères et de vos
bons parents.
   M. Ingres vient d'être très malade, et pendant plusieurs
jours nous avons été bien inquiets. D'hier seulement il
commença à aller mieux et le médecin le déclara hors de
danger. Il commençait à travailler et paraissait plein d'ar-
deur quand ce maudit catarrhe est venu l'arrêter.
   Je ne sais si vous avez appris que Lavergne ayant été
attaqué ici d'une maladie que l'on craignait voir dégénérer
en anévrisme, Jamos (13) est parti avec lui pour l'accom-
pagner jusqu'à Lyon. Frenet, qui est resté ici, en a eu des
nouvelles. Ils ont eu une heureuse traversée, et peu de


   (12) On sait que les peintures de MM. Orsel et Périn, à Notre-Dame-
de-Lorette, sont entourées d'ornements en feuillages, plus ou moins
habilement composés, mais auxquels les maîtres attachaient une impor-
tance bien exagérée. Ils faisaient morfondre leurs élèves dans d'éternels
remaniements de ces accessoires, qu'il fallait peindre comme une tête
d'après Raphaël (Id.).
   (13) Sans doute un lapsus pour Janmot (voir note }).