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                          BIBLIOGRAPHIE.                        237

 nemis et s'endort enfin dans la mort, béni et pleuré par toute la
 Grèce. Citons ici un beau passage de notre auteur : « Au con-
 traste formé par les orages qui agitèrent longtemps cette longue
 carrière, et le repos religieux, la tranquillité grandiose au sein
desquels elle se termine, on se rappelle involontairement cette
mer superbe de l'Archipel qui voit souvent en quelques heures
à de subites et terribles tempêtes succéder un calme enchanteur,
de magiques crépuscules et des nuits splendides. »
    Venons à la seconde partie du livre. Après Achille, Homère ;
après les héros, les poètes. Les uns et les autres abondent dans
l'histoire de la Grèce: ils sont la moisson naturelle de cette
terre aride et ravagée. La renaissance intellectuelle des Hellènes
a été moins étudiée que leur renaissance politique ; l'intérêt
qu'elle offre n'est pas moindre cependant, bien qu'il soit d'un
autre ordre, et M. Yemeniz nous fait voir que la race grecque
travaille à cet achèvement de sa régénération avec la même
énergie et la même persévérance qu'elle montra dans la guerre.
   Le premier poète qu'il considère est Georges Zalacostas, de
Janina, barde et guerrier à la fois, l'un des plus vaillants soldats
de l'indépendance. C'est un génie vigoureux et inculte ; sa pen-
sée est homérique, son style demi-barbare. De longs siècles de
décadence et de servitude ont corrompu le divin idiome. Zala-
costas est la transition entre la barbarie et l'époque actuelle.
   Après lui se présente Orphanidis, poète véritablement mo-
derne, qui parle un langage épuré, harmonieux, et dont le drame
est moins exclusivement héroïque. Il diffère du poète de Janina,
dit M. Yemeniz, comme le ciel voluptueux et doux de Smyrne,
sa patrie, diffère du ciel austère de l'Épire.
   Après ces deux poètes tragiques, nous en rencontrons deux
autres, Panaïotti Soutzo et Giovanni Zambélio ; le premier, écri-
vain consommé, l'un des principaux rénovateurs de la langue
grecque, le poète le plus parfait de la Grèce moderne, sous le
rapport du style, mais égaré malheureusement dans une voie
qui n'est pas la sienne, livré à l'imitation, au pastiche des mau-
vais drames modernes, infidèle aux pures traditions de la poésie
grecque et ne réussissant pas à voiler, sous la parure de son