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                       CHRONIQUE LOCALE.                         525
qu'on lui savait gré d'avoir résisté aux séductions qui voulaient
l'entraîner loin de nous.
     — Les derniers jours du mois de mai et les premiers de juin
ont vu redoubler l'intérêt de la situation; l'arrivée de l'Empereur
 et de l'Impératrice avait été annoncée et on se demandait si,
malgré l'incognito que leurs Majestés devaient garder, leur pré-
 sence ne donnerait lieu à aucune fête, à aucune manifestation?
 L'enlèvement des barrières du pont Morand a été le signal d'une
 vive émotion. On a cru que pour marquer dans les fastes de
 la cité le voyage des augustes visiteurs, le passage gratuit se-
 rait désormais accordé. Les relations entre la ville et les Brot-
 teaux sont tellement fréquentes, la création du Parc de laTète-
 d'Or exerce une telle influence, une telle attraction sur notre
 population ouvrière, ces nouveaux quartiers qui s'élèvent comme
  une grande ville sur la rive gauche du Khône deviennent telle-
 ment peuplés que l'impôt du pont paraît tous les jours plus in-
 commode et plus pénible. Malheureusement la ville a trop besoin
  de ses revenus pour faire un sacrifice aussi grand et le désap-
 pointement a été général quand le bruit s'est répandu dans les
  ateliers que cette espérance, qu'on avait conçue, était vaine, et
  qu'on continuerait à percevoir les deux centimes de rigueur à
  l'entrée élargie du vieux pont.
      Toutes les préoccupations, tous les désenchantements ont eu
  bientôtfait placeau désir d'apercevoir l'Empereur et l'Impératrice,
  arrives , le l cr jqin, à neuf heures du soir et descendus à l'Hôtel-
  de-Ville au milieu d'une population immense.
      L'empressement à voir les augustes hôtes de la ville de Lyon
  était si grand que la loule se jetait sous les roues et sous les che-
  vaux, et que les enfants montaient jusque sur l'impériale des
  voitures de la suite de l'Empereur.
      On cite un jeune élégant qui, voulant à toute force voir de
   près Leurs Majestés, a saisi, dans la cour de l'Hôtel-de-Ville, une
   des malles du bagage impérial, et l'a portée dans la chambre à
   coucher où l'Empereur et l'Impératrice se reposaient, assis sur
   un élégant canapé et causaient avec deux ou trois personnes de
   leur intimité. Dans ce moment Leurs Majestés louaient le bon
   goût de leur ameublement ; l'Empereur fit déposer la malle au-
   près de lui et le domestique improvisé put s'esquiver avant qu'on
   ne se fût aperçu qu'il n'était pas de la maison.
       Le lendemain, même empressement, plus grand peut-être
   encore, lorsque l'Empereur s'est rendu à l'Hôtel de Lyon, pour
   vis'Ser S. A. Impériale, MœeIa grande duchesse Hélène de Russie,
    et à l'Hôtel de l'Univers auprès de S. M. l'Impératrice douairière,
   veuve de l'empereur Nicolas. L'après-dîner, quand les illustres
   voyageurs ont repris, les uns la route de Genève, les autres la
    route de Paris, bien des préjugés étaient tombés, bien des