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ANNIBAL ET LE RHONE. 387 avait pour cela mérité, de la part de Polybe, le surnom de Scoras, du grec snoptx, traduit en latin par Scoriœ, et en français par scories; c'est-à -dire eau sale, vaseuse, boueuse, ou plutôt bourbeuse (vieux style), nom qui pouvait parfaite- ment s'appliquer à cette petite branche du Rhône, qui n'avait plus, dans ce grand lit, une masse d'eau suffisante pour le débarrasser des vases et des détritus des hommes, des ani- maux et des plantes. Si la rivière Scoras est suffisamment prouvée et reconnue, la question du delta, ou île galiique, est affirmativement ré- solue, sa base s'appuyanl à Cordon et à Saini-Symphorien d'Ozaa, et son sommet à Lagnieu, point d'intersection des deux lignes de ce nouveau Rhône, qui forment la figure tri- angulaire de cette île. II nous sera cependant bien difficile de prouver qu'elle est parfaitement semblable par sa forme et son étendue au Delta d'Egypte. Mais quels moyens Polybe avait-il pour mesurer les espaces? Àvait-il avec lui des ingénieurs capables? Connaissait-il seulement la géométrie élémentaire, le calcul analytique ordinaire ? S'il a remonté le Rhône de Vienne à Lagnieu et de Lagnieu à Cordon, il aura dû trouver la roule bien longue, s'il en a jugé par le temps qu'il aura mis à la parcourir, comme c'était l'usage à celle époque, atlendu qu'il était admis qu'un piéton faisait au moins deux cents stades par jour, soit dix lieues communes, et que le stade était une mesure Irès-élaslique; il a donc pu se tromper sur la contenance et croire notre île plus grande qu'elle n'était réellement. D'ailleurs, quelle ligne pouvait-il tracer dans son voyage d'exploration , dans des pays montueux, couverts de bois et d'accidents de terrain ? Quels jalons pou- vait-il placer? quels points de repère pouvait-il prendre pour se raccorder? La cartographie était tout à fait dans l'enfance chez les Grecs et les Romains : les philosophes et leshislorîens géographes, pour se faireeomprendre, traçaient