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                         BIBLIOGRAPHIE.                        339

fête et le jubilé attirèrent une foule considérable accourue non
seulement des montagnes environnantes , mais encore des
contrées éloignées.
   L'église d'Embrun était alors à l'apogée de sa puissance; de
riches présents, de magnifiques offrandes attestaient la recon-
naissance et la vénération des fidèles ; autour du tableau mira-
culeux les pèlerins suspendaient des statues votives, des images,
des bustes, des figures. De toutes parts affluaient des dons
considérable, ainsi, un roi d'Angleterre , Edouard II avait
envoyé une chape enrichie de pierreries, sur laquelle étaient les
portraits de tous les rois ses prédécesseurs ; plus tard, en 1516
Jean Jacques Trivulce, maréchal de France, pénétré de recon-
naissance de la guérison d'un de ses fils, avait remis, entre
autres dons précieux, deux bustes de ce fils, l'un en vermeil,
l'autre en bois doré. Cette abondance de présents témoigne la
 célébrité qu'avait acquise le pèlerinage à Notre-Dame d'Embrun.
Ce n'était pas seulement des diocèses voisins que l'on implorait
 son intercession pour obtenir de promptes guérisons; mais des
 pays étrangers on accourait au bruit des miracles opérés; peuple,
 seigneurs, princes et rois venaient rendre hommage à l'image
 vénérée et lui demander les grâces dont ils avaient besoin.
 L'inventaire du trésor de Noire-Dame donne une idée des
 richesses immenses contenues dans ce sanctuaire ; il fut rédigé
 en 1555, au milieu de toute sa splendeur, quelques années avant
 le pillage de la ville et de l'église par les protestants.
   Les jours de calamité n'étaient pas loin ; après le tocsin de
la Saint-Barthélémy, venaient les représailles des réformés.
La guerre civile promenait ses fureurs dans tout le royaume; la
France était divisée en deux camps. Lesdiguières, chef des
religionnaires du Dauphiné, voulant s'assurer d'Embrun et de
l'archevêque Guillaume d'Aranzot, ardent ligueur, se présenta
devant l'antique métropole, le 19 novembre 1585. La garnison
vaincue fut passée au fil de l'épée et la ville livrée au pillage.
La cathédrale désignée d'avance à la haine des soldats fut
 dévastée ; son trésor fut dispersé, ses richesses furent distibuées
 aux vainqueurs. Le Mal ne fut pas épargné ; car en le mutilant