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                        FEDOR ET LOUISE.                        479
Je l'ai fermé dans le grenier où Fedor ne va jamais. Ce pauvre
Ami lui a cependant sauvé la vie ; je ne m'en déferais pas si
tous les malheurs ne nous accablaient pas en même temps. Écou-
tez, chère tante, comme mon pinson chante bien? Il se croit
dans son grenier, et les étrangers ne l'intimident pas.
   — Comment as-tu donc eu cet écureuil ?
   — D'une singulière façon. En face de la prison de mon père ,
la cabane de cet écureuil était accrochée à une fenêtre, sur la-
quelle il sautait, continuellement attaché au bout d'une chaine.
Un jour, en allant auprès de mon père, je trouve dans la rue la
cabane et l'écureuil. Celui-ci en tombant avait eu la patte écrasée
et presque détachée. Il était à moitié mort et le maître me le
donna. Je le mis au grenier avec mon chien et mon oiseau. Il
s'est bien guéri et maintenant ils boivent et mangent tous les
trois dans la même assiette. Mais je n'ai plus rien à mettre dans
cette assiette. C'est pour cela que je viens vous cpnfier mes trois
nourrissons.
  — Le fais-tu avec plaisir? demanda la conseillère.
  — Non , en vérité, répondit Louise, c'est avec beaucoup de
peine que je me sépare d'eux.
  — Voilà qui est bien parlé '. dit la conseillère contente. N'est-
ce pas que les bêtes sont souvent meilleures et plus reconnais-
santes que les hommes? Qui peut donc m'en vouloir, si je les
aime ?
  — C'est pour cela que je veux vous les confier à vous seule, à
personne autre dans la ville. Pensez donc ! Le maître de la ména-
gerie voulait m'acheter le Chien et l'écureuil pour les faire avaler
à son serpent royal.
   — Le misérable '. dit la conseillère avec colère. Cependant,
mon enfant, je ne puis pas prendre tes bêtes. L'écureuil dé-
chirerait mes meubles ; la vue de cet oiseau aveugle me serait
trop pénible, et ton chien ne s'accorderait peut-être pas avec
les miens. Ne pleure pas, chère enfant, je veux te faire une autre
proposition. Tu dois garder et soigner tes bêtes, pour cela je te
donnerai chaque semaine 2 fr. 50 c. Je vois que tu es une brave
fille et que tu n'abuseras pas de ma confiance. Chaque mois tu