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96                           LETTRES INÉDITES
recevoir, et la paternelle indulgence que vous mettes! à les lire.
Celle dont vous avez bien voulu m'honorer le 20 mai m'est par-
venue le 24 très-exactement. J'ai pensé que malgré cette dili-
gence, elle pouvait avoir été ouverte, la partie supérieure du
cachet qui renferme la devis.e modeste que vous avez adoptée
était absolument effacée, mais en y réfléchissant mieux, je pense
qu'en cachetant vous avez négligé d'appuier sur cette partie, et
que la poste est innocente. Puisque vous préférez la cire au pain
azyme, il serait bon de bien faire l'empreinte afin de lever toute
incertitude sur la fidélité de la transmission ; car, quoique assu-
rément rien dans nos lettres ne me paraisse devoir en empêcher
l'arrivée, on n'aime point que des regards indiscrets viennent se
jeter dans une correspondance qui tire tous ses charmes de l'inti-
mité du commerce et de la liberté des idées. Au reste, jusqu'à
ce moment, nous n'avons pas à nous plaindre. Je reçois une assez
grande quantité de lettres de différentes villes, et je n'ai pas
encore acquis la certitude qu'aucune ait été ouverte. Il est vrai
que je m'observe beaucoup en écrivant, et en touchant certaines
matières ; j'invite mes correspondants à faire de même, et cette
gène, cette privation de dire tout ce qu'on pense, cette réduction
d'idées (s'il est permis d'employer ce terme), est encore préfé-
rable au désagrément de se trouver compromis sans l'avoirmérité,


Iieynièrc, fermier général, administrateur général des postes, membre de
l'Académie de peinture et de sculpture, mort à Paris en 1793, fort connu
par sa splendide collection d'objets d'art et de livres, vendue à Paris en
1797, et d'une demoiselle de Jarente.
    Nous donnerons d'autres notes explicatives à mesure qu'elles nous paraî-
 tront nécessaires, ou à la fin de ces lettres.
    Cette première Lettre et quelques autres qui sont fort longues, sont écrites
d'une écriture tellement fine et les lignes sont si serrées, qu'il a fallu une
loupe et beaucoup de patience pour en déchiffrer le contenu. Ce fait expli-
quera la présence de quelques phrases tronquées qui n'ont pas pu être lues
malgré des efforts persévérants. Nous en avons aussi supprimé les passages
qui, sans intérêt pour le public, auraient pu trahir des confidences intimes.
Ajoutons que Gvimod se servait d'un affreux papier et d'une encre très-
blanche ce qui augmentait encore les difficultés.