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M. BOUILLIER. 131 langes et de fragments de tout espèce que la nôtre, et, n'étaient quelques brillanles exceptions, on serait porté à croire que notre sol intellectuel épuisé ne peut plus produire autre chose. A la liste assez nombreuse de ces exceptions, et à la- quelle notre ville a déjà fourni un remarquable contingent, il faut ajouter les belles leçons de M. le professeur de phi- losophie. Parmi les publications de ces dernières années nous n'en n'avons pas Irouvé une seule où les divers problèmes de la métaphysique fussent ainsi réunis tous ensemble et reliés en un seul et même faisceau de manière à s'éclairer mutuellement et où ils fussent en outre rattachés aux problè- mes psychologiques qui leur correspondent, de telle façon qu'ils leur envoyassent et en retirassent les plus vives clartés. L'école éclectique, la seule de notre temps qui ait produit des travaux psychologiques un peu sérieux, n'a pas cultivé avec autant d'ardeur et de succès le domaine de la méta- physique, et l'école de MM. Schelling, Lamennais, Leroux, si on peut ranger dans la même école des penseurs qui n'ont guère de commun que la méthode, professe pour la psychologie un souverain mépris. Il était réservé à M. Bouillier de réunir dans le sein d'un vaste système les tendances o p - posées de ces deux écoles, de compléter l'une et de redresser l'autre. Il a trop bien commencé pour ne pas pousser plus avant. Tous les philosophes et toutes les écoles qui ont laissé une* trace dans l'histoire, ont porté leur esprit dans plusieurs directions à la fois. Sans parler d'Aristote et de Leibnitz qui furent des génies encyclopédiques, Platon, F é - nelon, Rousseau ont senti le besoin d'étudier l'homme social en même temps que l'homme individuel, et ont donné au monde des systèmes de politique et d'éducation. Jusqu'ici l'école éclectique n'a rien fait de semblable. Ce serait une entreprise digne de M. Bouillier de l'aider à combler encore cette lacune..