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COURS DE LITTÉRATURE ANCIENNE. 31. DEMONS. 81 de deux langues mortes depuis deux mille années; si ces députés ajoutaient que le meilleur moyen de faire des échan- ges avantageux et de devenir un négociant habile, c'est d'apprendre ces deux langues hors d'usage, voire même que le médecin qui les ignore doit tuer ses malades i n - dubitablement,—je m'imagine que les habitants de ca conti- nent ou de cette planète ne pourraient s'empêcher de rire d'une façon fort irrévérencieuse pour nous, lis seraient per- suadés que nous avons pris, tous tant que nous sommes, quelques grains d'ellébore. Et croyez-vous qu'ils seraient bien édifiés sur notre compte en voyant un être qui se définit modestement un animal raisonnable entasser, comme il le fait, contradictions sur contradictions dans le cours de sa vie, utilisant avec assez de bon sens les forces de la nature, mais quand il s'agit des forces du monde intérieur procédant d'une manière toute différente? Au lieu d'abandonner à leur pente na- turelle les providentiels instincts qui portent primitivement l'esprit de l'homme vers les choses du dehors, nous nous jetons incessamment à la traverse ; il n'est écluse, ni digue que nous n'opposions à leur expansion ; il n'est étude si rebutante à laquelle nous ne nous ingénions à incliner et à plier une nature rebelle. Nous lui inculquons jusqu'à trois ou quatre systèmes de signes avant de lui donner la moindre notion des choses signifiées ; nous plaçons à la base de ses connaissances l'étude philosophique et abstraite des langues mortes qui devrait en être le faîte, et nous ne nous donnons ni paix ni repos que nous n'ayons réduit les intelligences les plus limpides, les plus fraîches et les plus vives à un état stagnant. Tout cela, il faut en convenir, n'est guère le fait d'un animal raisonnable, et je crois (Dieu me pardonne et l'Université aussi!) qu'il faut avoir de bons yeux pour voir quel rapport il y a entre un homme qui sait le grec et le 6