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103 minces et déliés, de fleurs aux corolles penebées, et d'armes de l'ancienne maison de la princesse, peut lutter avantageusement avec tout ce que vous avez déjà vu. Au milieu de la tige du fron- ton règne une corniche soutenue par différens rameaux contournés sur laquelle se lit la devise énigmatique qui a bien exercé les r e - cherches des historiens, fortune, infortune , fort, une. Parallè- lement à l a corniche, se prolonge une galerie à claire-voie, assise sur des colonnes et des pyramides angulaires dont l'aiguille semble lui servir de soutien. Ce monument contient également deux figures de la princesse. Sur la table de marbre noir supé- rieure ^ elle est représentée vivante, dans ses habits de cérémonie, coiffée à l'antique, ornée de la couronne impériale, la tête posée sur un carreau à dessins découpés et ciselés avec une surpre- nante v é r i t é , les mains croisées sur la poitrine. Ses traits sont d'une grande beauté ; les draperies sont jetées avec un naturel exquis. Au-dessous de sa tête, deux Génies tiennent l ' é c u d e ses armes ; une levrette est à ses pieds. Le chiffre 1532, gravé sur le m a n t e a u , indique l'année où fut faite la statue. Sous cette r e p r é - sentation, vous en voyez une autre ; n o n , c'est la même c'est toujours Marguerite d'Autriche, mais c'est Marguerite morte, Il y avait du respect et de la vénération en face de cette figure de princesse ; maintenant il n'y a que de la douleur et une reli- gieuse frayeur devant ce corps inanimé et livide. Sa tête est nue , ses cheveux descendent jusqu'à sa ceinture, ondulant en boucles irrégulières; ses pieds sont découverts, et son corps enveloppé d'une longue robe dont les plis modestes , jetés avec une coquette- rie négligente, dessinent, par des contours tristement v r a i s , cette femme qui n'est plus. Son pied gauche porte l'empreinte d'une plaie q u i , selon quelques écrivains, aurait été la cause de sa mort. Gouvernante des Etats de Flandre, Marguerite d'Autriche n'avait quitté qu'avec peine l'église de Brou, dont elle dirigeait la construction avec grande sollicitude et grands frais. Désireuse de revoir au plutôt l'église objet de ses affections et de ses soins, elle se mit en route dès qu'elle eut terminé les affaires de son gouvernement; elle était arrivée à Malines : c'était, dit-on, le 15 novembre 1530. La fatigue d'une longue route et les ennuis d'une administration orageuse l'avaient jetée dans un état de malaise ,