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261 vement on remarque un air de fête. Charles VII vient d'ap- prendre la mort de son père , et il a été proclamé roi de France par quelques fidèles vassaux. Etrange destinée d'un prince dont le règne commença dansunchétif manoir, au fond d'une province, pendant que l'imbécillité de son père et la haine de sa mère pour l u i , livraient aux Anglais la plus belle partie du royaume, qu'une femme perdait, qu'une femme sauva ; malheureux dans l'exil par l'injustice d'un p è r e , malheureux sur le trône, où il se laissa mourir de faim, dans la crainte d'être empoisonné par les agens de son fils. Silence! c'est un religieux cortège qui s'avance dans les rues étroites et tortueuses de la haute-ville ; les héraults d'armes , les chevaliers bardés de fer, les nobles seigneurs, les consuls du Puy, avec leurs longues robes rouges, défilent dé- votement, tandis que les vilains se pressent autour d'eux pour voir le roi Louis IX revenant de la terre d'Egypte, d'où il rap- porte, pour prix du sang français, force reliques et la vierge noire, qui vient partager avec la première patrone de ce t e m p l e , le monopole des miracles dans la province du Velay. Nous sommes eu 1254. Sur le coteau, dans la p l a i n e , autour de cette r u i n e , ce sont des ligueurs et des huguenots qui combattent. Voici quelques-unes des mille scènes d'horreur de cette époque san- glante, effroyable, mais pourtant providentielle, pendant la_ quelle commencèrent à se former dans le sein de la nation les germes lents mais vivaces des révolutions à venir. Par la Ligue , les prêtres apprenaient aux peuples à révoquer en doute la sain- teté des droits du m o n a r q u e , et le protestantisme leur a p p r e . nait à son tour à affranchir leur raison du joug sacerdotal. Vous trouvez dans cette admirable fantasmagorie une source féconde de sensations et de pensées nouvelles. Mais hâtez-vous d'en jouir, car voici bientôt venir décembre avec ses brumes épaisses qui couvrira le pays de son manteau de n e i g e , comme l'avare bourgeois enveloppe avec soin le lendemain d'une fête les peintures qui ornent son salon. Hâtez-vous! car alors c'est la monotonie qui succède à la variété, le vide nu et morne à la vie. Mais bientôt voire ame revient à elle par degré et n'est plus que faiblement agitée par les impressions décroissantes de son extase; elle n'en ressent plus que par intervalle les derniers