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               Hisego saepè lupum fieriet se condere sylvis
               Mierim                                    (1)
                              Mœris m'a fait connaître
               Les végétaux puissans que le Pout seul îiil naître ;
               J'ai vu par leurs secours, Masris plus d'une fois ,
               Sous la forme d'un loup s'enfoncer dans les bois.

    Les poètes sont sujets à caution; ils s'emparent du merveilleux
sans en être dupes ; mais l'emploi qu'ils en font, prouve du moins
qu'ils s'appuyent sur des traditions, sur des croyances populai-
res. TNul doute qu'en Italie , du temps de Virgile, il n'eût pas été
sûr à un voyageur de révoquer en doute , dans un cabaret de la
Campanie ou de la Calabre , l'existence des loups-garoux.
    Pline a osé tourner en ridicule celte grossière superstition.
(Voyez le livre VIII, chapitre 22, § 34 de son Histoire naturelle. )
 « Qu'il y ait des hommes qui se transforment en loups et qui r e -
 « tournent ensuite à leur première forme , on peut en toute con-
 « fiance assurer que rien n'est plus faux, à moins qu'on ne soit
 « déLerminéà croire tout ce qui s'est débité de mensonges depuis
 « une infinité de siècles. »
    De cette manière timide de s'exprimer , il est permis de con-
clure que nombre de braves gens assuraient avec confiance que
rien n'était plus v r a i , et lorsque le plus grand homme du second
âge de la littérature Romaine fut enseveli sous les cendres du
Vésuve, qui dira si sa mort ne fut pas regardée comme un juste
châtiment d'une assertion sacrilège qui semblait révoquer en
doute la toute-puissance de Jupiter , et l'incontestable méta-
morphose de Lycaon?
   On a peine à concevoir qu'une erreur aussi absurde et aussi
p u é r i l e , née du sein de la mythologie p a ï e n n e , ne se soit pas
évanouie devant les lumières de la raison et du christianisme. La
religion , en fournissant aux peuples les moyens faciles de distin-
guer des véritables miracles les prestiges d'une thaumaturgie ex-
travagante , devait porter un coup mortel à la vieille fable de la
lyçanthropie. Cependant rien ne prouve mieux l'attachement de
l'homme à des illusions héréditaires , que cette persévérance
inexplicable d'une grande partie du peuple chrétien dans sa foi à
 CO Eglogue VIII.