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AU COLLÈGE DE MONTBRISON III A Saint-Nicolas-des-Champs, le curé, au prône de la messe, avait supplié ses paroissiens de ne pas déserter l'église et de mettre quelque complaisance à venir entendre le prédicateur qu'il leur avait choisi. La vogue et la mode portaient ailleurs le flot des audi- teurs dociles; ils se partageaient entre Saint-Gervais et Saint-Étienne-du-Mont; on passait du P. - Massillon au P. Maure. Saint-Gervais, au centre de la ville, avait une enceinte trop étroite; les chaises retenues d'avance s'y louaient quinze sols; les gens de qualité et les gens riches y abondaient, mais le désavantage de la situation n'était qu'un mince inconvénient pour Saint-Etienne-du-Mont; la montagne Sainte-Geneviève ne faisait pas peur, on grimpait jusques là -haut, et les loueuses de chaises, afin de retenir la clien- tèle, les avaient réduites à quatre sols. Vuillart est assidu à tous les bons endroits; il se pique d'honneur de bien renseigner ses correspondants, mais ses préférences sont comme celles du public, il en tient pour Massillon ; il est dans le ravissement au sujet du P . Maure ; il court de l'un à l'autre ; il distribue les jours de la semaine ; il s'estime heureux de ce que le premier se repose le mardi, tandis que le mercredi est le jour d'interruption pour le second; le dévot auditeur ne prend aucun repos, et à peine rentré chez lui, il saisit la plume pour communiquer ses sentiments et transmettre l'analyse fidèle de ce qui a été traité. La première lettre du 4 mars contient les portraits des deux stationnaires, pris sur le vif et parfaitement ressem- blants. « Le P . Massillon, y lisons-nous, d'environ trente-quatre ans, a l'air mortifié et recueilli, une grande connaissance