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78                     CHARLES MOREL

tions, empreinte d'un caractère de grandeur et de simplicité,
qui va devenir l'un des signes distinctifs de notre sculpture
nationale prête à renaître. Quoi ! Morel s'est-il donc dérobé
sans retour à l'influence des Flandres? Non pas. C'eût été
trop lui demander. Mais ce dernier trait va vous le peindre.
Par une sorte d'anachronisme, promptement pardonné
d'ailleurs, maître Jacques a traité la jupe d'Agnès de Bour-
bon dans le style des Van Eyck. En vérité, Morel est un
maître étrange. Son style interdit qu'on le confonde avec
ses contemporains, et s'il lui plaît d'emprunter un détail de
ses statues à l'art des Flandres, ce n'est ni Marville, ni
Beauneveu, ni même Claux Sluter qu'il interroge, il va
d'un bond se retremper aux sources les plus pures de
l'Ecole flamande, chez ses primitifs les plus augustes, les
Van Eyck.
   Morel a-t-il fait école? On a lieu de le supposer. Une
statue d'Agnès Sorel, conservée à Loches, est d'une main
moins habile que celle de maître Jacques, mais elle semble
inspirée de très près par la statue d'Agnès de Bourbon.
Morel a-t-il travaillé pour la couronne ? Le fait est possible.
Le chapitre de la cathédrale *de Lyon, le duc Charles de
 Bourbon, le roi René sont des clients qui laissent sup-
poser que maître Jacques fut en possession d'une grande
renommée.
   Il n'est pas téméraire de penser que certaines œuvres
commandées par les Valois lui seront peut-être restituées
un jour, avec certitude, sur la foi de documents précis qui
restent à lire.
   Découvrez donc, Messieurs, ces pièces attendues, et
parachevez ainsi le travail remarquable de M. Natalis
Rondot, l'un de nos historiens d'art les plus entendus et
les plus fertiles, l'un des continuateurs de Léon de Laborde,