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                      DE L'UNITÉ DES ARTS.                       381
 cessité corrélative, il n'y a pas de science légitime et de bonne
classification des sciences sans une philosophie.
   Mais, s'il nous importe de connaître ainsi les conditions du
vrai, nous éprouvons le même besoin vis-à-vis du beau. Il se-
rait indigne de la noble intelligence de l'homme de n'apporter
dans les arts qu'un aveugle instinct et une jouissance toute
passive ; il faut qu'il sache à quelles conditions cette jouissance
est légitime, et comment il peut la faire concourir à une fin plus
solide que la satisfaction passagère de l'esprit ou des sens. Mal-
gré donc que le beau semble, au premier abord, échapper à toute
analyse, et que la préoccupation d'une théorie , portée dans les
arts, gâte quelquefois les naïves impressions , il est indispensa-
ble de réfléchir sur le plaisir que ces impressions nous causent,
tout comme sur les opérations les plus désintéressées de notre
intelligence. En un mot, il nous est nécessaire de déterminer
les conditions du beau sous des formules abstraites, comme
nous avons fait pour le vrai. C'est là le travail de l'Esthéti-
que. Cette science a, comme toutes les autres branches de
la philosophie, une part logique et une part historique. De
même que la philosophie en général suppose une étude com-
parée de toutes les sciences, la philosophie du beau a pour base
le rapprochement critique de tous les arts.
   Si distincte que soit la poésie des autres arts, et notamment
des arts plastiques, elle ne rentre pas moins, par ses plus grands
cotés, sous les mêmes lois. D'autre part, quoique la poésie soit
loin d'enfermer tout ce qu'on entend par littérature, c'est elle qui
représente excellemment tout l'ordre littéraire, car c'est l'œuvre
qui exige la réunion des qualités les plus diverses, des métho-
des les plus complexes, c'est elle, en un mot, qui se pose his-
toriquement et logiquement comme le genre primitif et généra-
teur. La poésie entraine donc avec elle toute la littérature dans
la dépendance plus ou moins étroite de la philosophie de l'art.
Quelque soit la variété des genres à travers lesquels se promène
un cours de littérature, histoire, éloquence politique et religieuse,
philosophie, mémoires, c'est à la poésie que l'on revient forcément
quand il s'agit de rechercher les lois les plus complètes de l'ex-




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