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520                       RAPPORT SUR LES OUVRAGES
Romagnosi, il arrive à une nouvelle période philosophique, commencée avec
l'essai sur l'origine des idées, publié à Rome, en i83o, par l'abbé Rosmini.
    L'abbé Rosmini montre, dans l'idée de l'être ou de l'absolu, le principe et
le fondement nécessaire de toutes nos idées. Il a restauré cette idée de l'ab-
solu au sein de la philosophie italienne, comme l'avait fait, avant lui, M.
Cousin, au sein de la philosophie française. Par là, il a fait sortir la philoso-
phie italienne de l'empirisme et de l'analyse, pour entrer dans les voies de
l'idéalisme et de la synthèse. Grâce à ce mouvement philosophique, auquel,
comme nous allons le voir, M. Bertinaria lui-même se rattache, il espère que
l'Italie pourra enfin reconquérir la suprématie philosophique que, depuis
deux siècles, elle a perdue.
   Il expose ses propres idées en philosophie dans le mémoire sur la notion
vraie de la philosophie. Ce nrémoire est l'esquisse d'une introduction générale
aux sciences philosophiques. Il définit la philosophie, la science générale de
l'être en tant que l'homme peut connaître les essences. La philosophie est
supérieure à toutes les autres sciences et leur fournit à toutes leurs principes.
Selon M. Bertinaria, la première idée de la philosophie, c'est celle de l'être
absolu. L'idée de l'absolu est nécessaire pour connaître, comme la lumière
pour voir les objets corporels. Il résout de la même façon que M. Cousin,
quoique en d'autres termes, la question de l'origine des idées. « L'idée ne se-
rait pas sanslefait, mais le fait ne serait pas intelligible sans l'idée. Dans cette
nécessaire réciprocité de valeurs se résout finalement la grande question de
l'origine des idées. Les empiriques ont raisonquand ils disent que le fait est
le commencement de la connaissance, mais ils ont tort en changeant le fait
en la loi du fait. Les rationalistes pensent bien quand ils disent que la loj
précède le fait, mais ils se montrent exclusifs, quand ils le considèrent comme
séparé de l'idée dans l'ordre de la connaissance... De même que la lumière
n'aurait pas la vertu de faire voir, s'il n'y avait pas des corps pour la rece-
voir et la réfléchir, ainsi l'idée suprême ne serait pas principe de connais-
sance, si les faits n'existaient pas pour^n être éclairés. Je retrouve encore
ces analogies profondes avec la philosophie éclectique française dans les
déGuitions des sciences particulières que comprend la philosophie, et par
exemple de la morale, qu'il fonde sur l'idée absolue du devoir, et de l'es-
thétique qu'il fonde sur l'idée absolue du beau.

   Citons encore parmi les travaux philosophiques du docteur Bertinaria la
traduction en italien d'un abrégé de la philosophie, par Kannegieszer ( i ) .
   Réjouissons-nous avec M. Bertinaria de voir l'empirisme vaincu en Italie

  ( i ) Compendio délia storia dclla Fifosofia di Raniiegieszer tradotto dal tedesco ed a m -
vdiato dal dottore Fi. Beitinaria; i vol. in-l-i, Toiiiïo, i843.