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350                   CHRONIQUE MUSICALE.
 ves, Vallegro ou le presto que le chant large et soutenu. Mal-
 reusement, il semble avoir des raisons, et des raisons physiques,
pour motiver cette préférence ; et plus malheureusement encore,
 elle le porte trop souvent à défigurer les morceaux où le style
 posé serait indispensable. Toute phrase à'andante semble l'é-
 poumoner. Malgré les immenses ressources et les légitimes ar-
tifices que lui fournissent son talent et son expérience, ce dé-
faut s'est bien vite révélé. Hâtons-nous de dire qu'il eût été
infiniment moins remarqué si le souvenir de l'ampleur gran-
diose, parfois exagérée, que Duprez donnait à ces mêmes pas-
sages n'avait contribué à nous rendre le contraste plus sensible.
    Nous retrouverons sans doute M. Espinasse, dans plus d'une
occasion, et nous aurons le plaisir de compléter ou de rectifier
ce premier croquis qui, avec un artiste de tel mérite, ne pou-
vait nécessairement aujourd'hui que s'ébaucher.
    Tout près de ce chef de file, élevons de son humble emploi
notre modeste seconde basse. Je n'ai entendu M. Garbet que
dans le deuxième acte de la Dame blanche ; mais, je le déclare,
cette épreuve suffit parfaitement pour reconnaître en lui les qua-
lités éminentes qui, avec un organe plus solidement constitué,
lui eussent, à coup sûr, mérité le premier rang. Rien de mieux
posé, de plus limpide que sa façon de phraser. Assurément il faut
aimer la musique et la sentir bien vivement, bien finement, pour
l'interpréter ainsi. On annonce la résiliation volontaire de son
 engagement, pour cause de maladie de la voix. Habile directeur,
surveillez soigneusement la marche des symptômes, et surtout
ne laissez pas prescrire au convalescent un autre air que celui
de Lyon.
    La présence d'un tel artiste serait d'autant plus précieuse que,
sans lui, l'opéra-comique va se trouver singulièrement déchu
de la splendeur qu'il affectait l'année dernière. Revenue parmi
nous et admise sans opposition, malgré une légère détérioration
de ses facultés vocales, Mlle Hillen ne pourra que trop rarement
nous rappeler les rôles rendus si brillants par MUe Lavoye. Le
grand opéra l'occupe et l'absorbe presque tout entière, et son
auxiliaire Mlle Boulangeot ne saurait, même assistée de Mme Ro-