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332                       NOTICE BIOGRAPHIQUE
dans l'endroit le plus obscur de leurs somptueuses habitations,
et le plus souvent encore ne possèdent aucune image du Dieu
mort pour tous, il s'écrie :
   On devait croire que la reconnaissance propagerait le culte de la Croix et
s'acquitterait envers elle par de solennels hommages : on en rougit comme
auparavant ; comme auparavant le paganisme est partout, et le ehristianime
nulle part : où la Croix se trouve-t-elle ailleurs que dans nos sanctuaires et
dans le réduit obscur des pauvres? Comme auparavant, des gravures impudi-
ques, des peintures obscènes, des bustes effrontés déshonorent nos habita-
tions ; comme auparavant, la jeunesse boit la volupté par les yeux, ayant
pour premiers corrupteurs ceux que la nature lui a donnés pour premiers
surveillants. O honte des nouvelles mœurs ! ô dégradation des cœurs ! ô in-
gratitude ! Aussi qu'un prêtre, que le danger appelle, vienne recevoir au
nom de l'Eglise votre dernier soupir, et qu'il demande le signe du salut pour
l'appliquer à vos lèvres glacées. Il n'y en a point, répond-on, Il n'y en a
point ! et vous professez le culte de la Croix. Il n'y en a point ! et vous avez
toutes les divinités de la fable. Quelle société pour le Dieu trois fois saint !
Prêtres, baissez vos regards et criez : Miséricorde ; car, vous le savez, si le
malade revient à la vie, hélas ! il recommencera bientôt le cours de ses dé-
sordres, semblable dans son inconséquence au nautonnier, qui, le jour de la
tempête, s'agenouille sur le tillac de son vaisseau suspendu entre les foudres
du ciel et les abîmes de la mer, et qui, au retour du calme, oublie et blas-
phème quelquefois le Dieu qu'il invoquait dans la détresse          »

   Comme cette peinture est belle ! mais elle n'est belle que parce
qu'elle est malheureusement vraie, c'est la nature prise sur le
fait ; c'est la véritable éloquence, et les sermons de M. l'abbé
Bonnevie sont remplis de traits pareils.
   Quelle touchante simplicité ! quelle douce piété dans les lignes
qui suivent :
   Et vous, hommes utiles, qui n'avez que vos bras pour nourrir vos enfants ;
mères laborieuses, qui, avec vos laborieuses filles, n'avez que la diligente
habileté de vos doigts industrieux, embrassez la Croix : elle sanctifiera vos
peines habituelles et vos maisons deviendront des "asiles d'innocence et de
paix. Que vous en coûterait-il, le matin, de lui offrir votre cœur, d'élever
jusqu'à elle, par la prière, le cœur de votre famille, de lui demauder en
commun la santé, le courage, la patience? La Croix est si bonne, et la terre
est si dure! Que vous coûterait-il aux différentes heures du jour, de vous
rappeler que vous êtes en présence du Dieu de la Croix, que sou œil voit jus-