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258 DE LA SAONE. rives du Pô, et après avoir traversé les Alpes, les Insubres cisal- pins , cherchant une nouvelle patrie, crurent devoir s'arrêter clans la belle vallée de la Saône. Lorsque la terre déchira ses flancs pour ouvrir un libre cours aux eaux, la nature, dans l'harmonie de ses bouleversements, ne forma pas de vallée plus séduisante que celle-là . La Saône, qui coule sous une latitude tempérée, commence où finit le climat du Nord, et finit elle- même où commence le climat du Midi. u Suzeraine de plus de trente rivières qui lui portent leurs flots, la Saône devient à son tour tributaire du Rhône, et perd son indépendance à la presqu'île de Perrache, au-dessous même de Lyon. Majestueuse, élégante, coquette, parfois presque ra- pide , mais plus généralement noncbalente et silencieuse, la Saône s'étend dans les prairies et les champs les plus riches et les plus fertiles, baigne des grèves fleuries et reflète dans ses eaux limpides une végétation vigoureuse et abondante .- sur tous ces bords privilégiés, l'alouette commence la journée et le ros- signol la finit. Cette heureuse rivière pleine de grâce dans ses ondulations, bizarre dans ses tournants rapides et inattendus, déroule à tout instant des tableaux où la nature étale sa variété et sa munificence, et souvent elle diversifie avec bonheur les mêmes sites, en les déplaçant tout-à -coup. (MARANDON de MON- TYEL. Pèlerinage sur la Saône de Châlon à Lijon). « Rien n'est aussi beau dans l'univers, a dit l'auteur des Soirées provençales, que le paysage qui s'étend depuis Lyon jusqu'à Trévoux. » « Il n'y a rien d'exagéré, dit à son tour M. J. Bard, dans cette assertion, toute absolue qu'elle paraisse. C'est à partir de ce point que la campagne devient si magnifi- que, qu'on ne trouve plus d'expressions pour la décrire, plus de couleurs sur sa palette pour la peindre. Ce ne sont point les bords sévères du Rhône ; ce ne sont point les lignes molles de la Seine ; c'est un véritable éden. » Combien je m'étonne que cette Saône si gracieuse, et qui semble si inspiratrice, n'ait pas encore fait vibrer la poésie, elle cependant qui a vu naître le plus grand poète de nos jours, le poète qui a si délicieusement chanté le lac du Bourget.