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DE LA SAONE. 259 Mais il n'en est pas des arts comme de la poésie : les arts n'ont pas fait défaut à la Saône. Rien de plus beau et de plus suave que la Saône, représentée par le célèbre Coustou, sous la forme d'une nymphe embellie par les grâces, et qui, mollement reposée sur la verdure, semble si bien reproduire l'image de la douce rivière, mitis Araris, au cours lent et paisible ! Le tableau d'une vue de le Saône, prise à Trévoux, par Du- claux, est signalé avec raison comme l'une des meilleures pro- ductions qui furent exposées à Paris, en 1823. Sans parler ensuite d'une foule de gravures sur divers points de vue de la Saône, œuvres éphémères de la tourbe des artistes, sans parler même de toutes celles que fit Israël Sylvestre, en 1652, et qui méritent qu'on s'y arrête, qui n'admirerait la vue du Château de Pierre Seize, tel qu'il existait autrefois, par J.-J. de Boissieu ; la grande vue du quai St-Àntoine, par Cleric, celles que l'on doit à Bi- dauld, à Bellay; la belle vuedel'lle-Barbe, par Grobon(1775); par Boissieu (1808) ; par Flandrin (1828); et par Guindran (1830) ; ou bien encore la rare gravure de Pie Vil, cédant à l'empressement des Lionnais de luy faire connaître les bords de la Saône, lors de son passage à Lion, le 27 avril 1805, par J.-J. Boissieu. Enfin qui ne se sentirait douloureusement étreint, en voyant cette autre gravure si saisissante de l'exécution de Mouton- Duvernet (1), sur les bords de la Saône, aux Étroits. Près de là , est le lieu auquel Jean-Jacques Rousseau a attaché une sorte de célébrité, en y reposant une nuit entière, sur la tablette d'une espèce de niche ou de fausse-porte, enfoncée dans un mur de terrasse, sous un ciel de litfbrmé^par les arbres. Enfin, l'art numismatique lui-même peut, à juste titre, reven- diquer, au sujet de la Saône, un de ses véritables chefs-d'œuvre. C'est la médaille gravée par B. Duvivier, présentant d'un côté (i) Cette gravure a été exécutée d'après un dessin jit^Sayon de NERTZ, fait le samedi 27 juillet 1816, jour même où Mouton-Duvernet fut fusillé. Je n'en connais d'autre exemplaire que celui que l'on voit dans la riche collec- tion de M. Coste, conseiller honoraire à la Cour d'Appel de Lyon, collection qui, en embrassant absolument tout ce qui est relatif à l'histoire de celle ville, sous tous les rapports, constitue les plus précieuses archives d'un pays.