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                    SAINT-MAURICE-DE-VIENNE.                      23

 présente à l'œil que des lignes dont une porte ogivale, sobre-
 ment, pour ne pas dire pauvrement profilée, rompt mal la cons-
 tante monotonie. Sur ce flanc, le triforium extérieur n'existe qu'à
 l'état d'ébauche.
     De tout l'ensemble des régions qui forment la masse externe
 générale de Saint-Maurice, la plus jeune est la façade, œuvre
 indivise des XIVe, XVe et XVIe siècles ; c'est aussi celle qui dé-
 veloppe le plus largement dans le spectateur cette ivresse ocu-
 laire si appréciée des véritables amis de l'art. Je connais des
 façades plus solennelles, plus imposantes, plus majestueuses que
 celle-ci, plus austères de lignes et plus chargées de profils ; j'en
 connais de plus gigantesques par leur immense appareil de car-
 rières, de blocs, de rochers, d'infiniment compliquées par leurs
 savantes combinaisons de retraites et de saillies ; mais je le ré-
 pète, nulle part je n'ai vu une façade gothique plus homogène,
 malgré le concours de trois périodes de l'art; d'une composi-
tion plus heureuse, par la sage disposition des accessoires ; d'un
ton plus ferme ; qui offrit une valeur spécifique égale. — Les
points les plus favorables pour contempler l'effet extérieur de
Saint-Maurice, sont : la rive gauche du Rhône, à Sainte-Co-
lombe, la tour de M. Garron {du temps de Philippe de Valois),
le pont suspendu qui unit les départements du Rhône et de
l'Isère, les premières rampes de la route nationale n° 7, soit
en amont, soit en aval de Vienne.
    J'ai fait de fréquentes visites à la basilique de Saint-Maurice,
accompagné de savants ou d'artistes viennois et lyonnais. Dans
une de ces excursions, vers 1836, nous montâmes, MM. Pollet
et Mermet aîné, M. Louis Perrin et moi, sur les combles de
l'édifice. Les ravages produits par les révolutions encore plus
que par le temps, tout edax qu'il est, nous parurent affreux.
Nous désespérions qu'un art réparateur put parvenir à les com-
battre, à appliquer au mal un remède héroïque, car tout trem-
blait sous nos pas: voûtes, garde-fous et galeries; tout était
crevasses, fissures, ruines autour de nous. Un plan général de
restauration depuis si longtemps invoqué n'a pas tardé à être
appliqué à ce beau vaisseau: on s'est mis à l'œuvre avec cou-