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310                     LA REVUE LYONNAISE

Auguste Alday, le violoncelliste, mort avant Francisque, et père de
M. Alday, organiste, avait un portrait de son père peint par David,
un beau portrait, traité largement, presque une ébauche, mais une
ébauche de maître. Une note, à la fin de cet article, expliquera
peut-être l'intervention de cette célébrité de la peinture. Voici
l'extrait du journal :

   « Une mort qui a passé inaperçue, en ce siècle d'ingratitude,
est celle du célèbre virtuose lyonnais, Francisque Alday. Il n'était
d'aucune société scientifique, artistique ou littéraire, pas même de
l'Académie, et il ne s'en montrait pas plus fier. Dès son jeune âge,
il maniait l'archet avec une puissance qui tenait sous le charme
l'oreille la plus granitique. Pendant près de soixante années, il fit
les délices des amis du bel art. Cent fois humiliée par lui, la camarde
semblait l'avoir oublié : le digne artiste s'était habitué à la vie. Vieux
et souffrant, l'archet devenu rebelle sous sa main défaillante, il
réjouissait encore ses familiers, quand il racontait, avec sa verve
intarissable et ses expressions pittoresques, quelques traits de sa
jeunesse.
   « Comme Jean Gigou, il eut ses trente-deux duels. Il avait à peine
accompli sa'dix-septième année qu'il se battait avec un officier des
Gardes du corps; il bégayait encore qu'il se fendait déjà et savait
parer en tierce et en quarte. Aimant les aventures, généreux, dévoué,
brave comme l'acier, il était devenu l'idole de ses compagnons. Au-
cune vie ne fut plus agitée et plus remplie d'événements singuliers.
On ferait un livre, et un gros livre, s'il fallait tout dire. Bornons-
nous au fait suivant.
   « A Lyon, par une chaude journée de juillet, sur les bords du
Rhône, à l'heure où les habitants de la laborieuse cité vont se livrer
aux plaisirs de la baignade, Alday, jeune encore, revenait je ne sais
d'où, quand tout à coup un cri de détresse se fait entendre. Comme
un chien de race, il lève le nez et sonde l'espace. Alors, il voit sur
les flots grondants deux corps enlacés qui se débattaient contre une
mort certaine. Plus rapide que la pensée, il se déshabille, plonge et
ramène sur la berge deux êtres inanimés. Ceci se passa en moins de