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 3   i8                       LA REVUE LYONNAISE




 UN MINISTRE DE LA RESTAURATION. Le marquis de Clermont-Tonnerre,
  par Camille ROUSSET, de l'Académie française. — Paris, librairie Pion, 1885.
  — Un vol. in-8. Prix : 7 fr. 50.

     Le marquis de Clermont-Tonnerre, dont M. Camille Rousset raconte la vie, fut
   un homme digne à tous égards d'inspirer le respect, même à ceux qui ne partagent
  pas ses convictions. Son enfance s'écoula pendant les mauvais jours de la Terreur.
  Jeune homme, quand vint l'âge où ceux de sa race avaient accoutumé de ceindre
  l'épée, il ne crut pas trahir ses principes en offrant ses services à l'Empereur, qui
  les accepta. A Naples, en Espagne, où il fut envoyé comme aide de camp du roi
  Joseph, il se fit remarquer par une bravoure à toute épreuve, par des qualités de
  premier ordre. L'Empire tombé sous l'effort des armées coalisées, le marquis de
  Clermont-Tonnerre se rallia à la monarchie qui pour lui représentait les traditions
 légitimes d'autorité. Aux Cent jours, il ne voulut pas reprendre du service. La
  Restauration le fit successivement pair de France, ministre de la marine, puis de
 la guerre. Dans ces hautes fonctions, il se montra homme de gouvernement, dans
 toute l'acception du terme. Il n'aimait pas le libéralisme, doctrine qu'il prévoyait
 grosse de révolutions et de malheurs de toute sorte. Il regardait l'autorité comme
 un dépôt sacré que lui avait confié le roi, et qu'il était de son devoir de faire
 respecter, fût-ce par la force. Le gouvernement de Charles X, et d'autres après
 lui, se seraient bien trouvés d'avoir une telle conception du pouvoir : par une
 répression opportune, ils auraient épargné à notre pays bien des malheurs.
     Le marquis de Clermont-Tonnerre n'était plus ministre, quand éclata la Révo-
lution de 1830. Il refusa noblement de servir le roi de l'émeute, et depuis vécut
 dans la retraite et l'étude. Il mourut en 1865, dans sa terre de Glisolles, où lui
furent faites de magnifiques funérailles, auxquelles s'associa le gouvernement
impérial.
    M. Camille Rousset a retracé, avec beaucoup de talent, les traits de cette noble
figure. L'étude qu'il lui consacre est attachante. Composée principalement avec
l'aide des papiers laissés par M. de Clermont-Tonnerre, elle apporte quelques
documents nouveaux à l'histoire de cette période. Des anecdotes bien choisies
égaient la gravité du récit. C'est une heureuse fortune pour la mémoire de
l'ancien ministre de la Restauration d'avoir trouvé, pour la faire revivre, un
écrivain tel que M. Camille Rousset.
                                                        Charles LAVENIR.