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                         QUELQUES LYONNAIS                         3II

 temps que je n'en mets pour l'exprimer. Cependant les baigneurs
vinrent apporter des secours, et, grâce à leurs soins, les naufragés
purent rentrer sains et saufs chez eux. Alday, sur ces entrefaites,
avait disparu ; il s'était rhabillé promptement, puis, prenant ses
jambes à son cou, il avait couru tout d'une traite chez lui, pour
éviter d'être grondé par son père.
   « Ce ne fut que longtemps après qu'il apprit que l'un des sauvés
était Lacenaire, le même qui, plus tard, devait avoir par ses crimes
un si triste renom.
   « O h ! si j'avais su!... » ajoutait-il naïvement, chaque fois qu'il
contait les péripéties de cet étrange sauvetage.
   « Il arracha plus de vingt personnes à l'eau et aux flammes.
Jamais le plus petit ruban, la plus innocente médaille ne brilla sur
sa poitrine. Il accomplissait les actes de dévouement avec une telle
simplicité, il trouvait cela si naturel, que ce qui l'étonnait le plus,
c'était l'étonnement des gens.
   « Il mourut pauvre et presque oublié, et sa tombe se referma sans
 qu'aucune voix reconnaissante fût entendue sur cette existence qui
fut, en quelque sorte, consacrée à sauver celle des autres.
   « Il faut bien croire à une autre vie, puisque le courage, l'abné-
gation et le sacrifice se trouvent si rarement récompensés en
celle-ci.                                  « Joannis GUIGARD. »

   Je ne sais d'où les Alday étaient originaires. J'en trouve un qui a
joui de quelque célébrité à Paris dans le siècle dernier, je le crois de
la même famille, malgré une différence d'orthographe dans le nom,
et je suppose même que c'est celui dont David fit le portrait.
   Au concert spirituel de 1792, sous la direction de Viotti,
MM. Aldey et Rode se distinguèrent sur le violon. Ce M. Aldey
mit en musique Geneviève de Brabant, opéra de M. Le Ray. UAlma-
nach des spectacles de 1792, où je rencontre ces documents, dit que
« la musique était inférieure au poème, et que M. Aldey a oublié le
proverbe : Ne sutor ultra crepidam. Il a un grand talent pour l'archet,
 mais il ne connaît pas assez la scène pour composer des opéras. »

                                     Louis MOREL DE VOLEINE.