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              LE-CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES                                 631

qui ne demande, dit-on, aucune connaissance préliminaire: voilà
bien l'affaire des travailleurs de province, et la ressource des
Sociétés agonisantes! Quant aux inepties philologiques que celles-
ci nous débitent périodiquement, je crois qu'il est déjà abusif de
les mentionner: elles dépassent toutes les formes permises1.
    Tout cela n'est malheureusement que trop vrai. M. le pasteur
Bossert, dans sa réponse, convient de la vérité de ces griefs, et
cherche à expliquer ces défauts réels ou apparents par l'indif-
férence des savants et des historiens de profession, qui dédaignent
de faire partie de ces Sociétés, encore moins d'y jouer un rôle
effectif et utile. J'ajouterai que les sommités de la science fran-
çaise veulent irrémédiablement la ruine de ces Sociétés, ou y con-
tribueront sans le vouloir, témoin cette phrase que j'ai entendue
moi-même, adressée, il y a peu de temps, à un candidat malheu-
reux : « Voilà un mauvais travail, à peine digne de figurer dans
des publications de Sociétés de province ! » Est-ce là le moyen
 d'encourager l'érudition locale? Et, après cela, les savants de
profession oseront-ils donner leur adhésion, leurs travaux surtout
 aux recueils locaux? Voudront-ils paraître solidaires des inepties
 qu'ils contiennent? Alors, où est.le remède? Voici celui que je me
 permets de proposer.
    Le Comité des travaux historiques compte un nombre déterminé
 de membres. Chacun de ses membres pourrait avoir dans ses
 attributions la haute direction historique et archéologique d'une
 province ou d'un département du territoire français : il serait pour
 ainsi dire l'administrateur intellectuel des Sociétés savantes ayant
 leur siège dans cette province ou dans ce département. Ce ne serait
 pas là de la centralisation, mais- seulement de la protection, qui
 ferait peut-être cesser ces luttes de partis et d'individus, luttes
 toujours funestes et regrettables, surtout dans un corps savant.
 Alors on ne sacrifierait peut-être plus autant, comme le désire
 M. Haag,à la crainte d'indisposer des personnalités locales influen-
  tes en refusant l'insertion de travaux sans valeur. Ce reproche,
  d'ailleurs, ne me paraît pas très fondé dans l'espèce ; car où voit-

   1
    Je prie le lecteur de remarquer encore que ce n'est pas uu Français qui parle,
 mais je m'associe pleinement à ces paroles et j'en supporte toute la responsabilité.