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BIBLIOGRAPHIE 205 les éléments nécessaires pour établir sûrement ces anciennes circonscriptions civiles qui ont varié si souvent et qui sont aujourd'hui si peu connues, tant est mal donné dans nos trop luxueuses écoles, l'enseignement de la géographie et de l'histoire de nos contrées. M. Chavot est remonté jusqu'aux temps presque nébuleux de nos vaillants ancêtres, les Gaulois qui formaient une république, mais turbulente, divisée comme le sont presque tous les gouvernements de ce genre et qui périssent tou- jours sous le talon d'un soldat heureux ou d'un conquérant victorieux. Les chapitres suivants sont consacres à l'époque gallo-romaine, des Burgundes, des Francs, des Carolingiens, des Capétiens, des comtes héréditaires, des vicomtes et des viguiers. A ces notions historiques et nécessairement assez sommaires, l'auteur a joint des indications des plus précieuses, puisées toujours aux mêmes sources, sur le Pagns, les Agri, les Yillae, les Chatellenies et enfin le Baillage dont les confins ont Varié bien souvent dans le cours des siècles. M. Chavot n'a pas manqué, non plus, de nous entretenir de la justice exercée dans ces diverses circonscriptions territoriales, de l'extension progressive du pouvoir judiciaire de la royauté, favorisée par le principe de la souveraineté antérieure à la féodalité et de la création des cas royaux destinés à la manifestation publique do cette souveraineté et à son exercice. Que dirons-nous du Dictionnaire topographique qui forme la plus grande et la plus importante partie da livre de M. Chavot. Chaque village, chaque hameau, chaque écart, les rivières, les ruisseaux, le plus humble filet d'eau qui bruit dans les champs et les bois, y est l'objet d'une mention spéciale. Leurs noms sont in- diqués avec toutes leurs variantes successives et souvent leur éthymologie. A la suite est la nomenclature des actes, des chartes, des monuments historiques dans lesquels ces noms sont mentionnés et dans cette longue liste se trouvent même des noms de localités entièrement disparues par le fait des guerres, ou des épi- démies, ou des famines qui ont si souvent désolé nos contrées. Chose étrange même, si des centres de population ont cessé d'être, c'est à peine si quelques nouveaux se sont formés depuis plusieurs siècles. Aujourd'hui, moins que jamais on n'en verra émerger du sol. A mesure que la richesse publique augmenté, la population diminue, la nature humaine devient avare d'elle-même, par égoïsme, par le besoin du luxe et des jouissances de la vie... Et cependant Dieu bénissait les familles nombreuses... Un dernier chapitre est consacré aux anciennes voies de communication bien peu connues aussi généralement. Nos ancêtres, les Gaulois n'en avaient presque pas. Agrippa en traça de grandes après la conquête, puis se formèrent des voies secondaires (compendium), établies avec la même solidité que les premières et dont plus d'un tronçon subsiste et excite encore notre admiration. Sur ces routes étaient établies, on le sait, des stations, des relais de poste et les communications étaient même si rapides qu'on est presque stupéfait de la célérité avec laquelle on voyageait alors. M. Chavot a indiqué avec une précision parfaite le réseau de ces routes qui ont été aussi l'objet des soins éclairés de l'autorité de l'Eglise dont la sollicitude s'étendait même, dans l'intérêt,des populations, à tout ce qui n'était pas de son domaine. Tel est le livre de M. Chavot dont nous aurions voulu faire plus qu'une pâle esquisse. Tous ceux qui ont la nohle pensée de s'occuper du passé de notre pays l'en remercieront. Il leur a mis en main un guide sûr et complet, et l'auteur peut